Ifremer N°94 - 28 septembre 2007 - (Page 2)

Les nouvelles de l Sélectivité suite de la page 1 nourris de contacts avec les professionnels, qui savent ramender un chalut, le démonter ou le remonter complètement, collecter des données vidéo, acoustiques, en conditions de pêche souvent rudes. Ces compétences sont rares ! La pêche au gaspi Proposer aux pêcheurs des engins et des techniques de capture sélectifs, respectueux des écosystèmes et désormais, plus économiques en carburant : c’est le leitmotiv du laboratoire technologies halieutiques. court terme, précise Pascal Larnaud, les pêcheurs vont devoir investir dans des systèmes qui leur permettront de réaliser des économies, comme des nouveaux chaluts par exemple », avant de rappeler que la répartition moyenne de l’utilisation du carburant se chiffre à 1/3 pour le navire (route pêche, propulsion de la carène pendant les opérations de chalutage, le froid et les auxiliaires)… et 2/3 pour le train de pêche ! De nombreuses actions sont en cours dans ce domaine, notamment dans le cadre du Plan d’avenir pour la pêche. Le laboratoire a par exemple développé un logiciel de simulation numérique des comportements de chalut baptisé DynamiT (*). Ses nombreuses applications ont pour but la compréhension du fonctionnement et l’amélioration des chaluts, la réduction de l’impact physique sur les fonds marins mais aussi la réduction de la consommation de carburant. Le logiciel permet de simuler diverses modifications (géométrie, maillage, matériaux…) susceptibles d’améliorer les performances. P L’Ifremer travaille sur les technologies des pêches depuis très longtemps. Quelles sont les grandes étapes ? Après-guerre, jusqu’à la fin des années soixante-dix, il n’existait pas de réel souci de la ressource. On ne se posait pas la question de l’abondance. C’était l’époque du « pêcher toujours plus » et des rubans bleus. Professionnels et scientifiques étaient engagés dans le développement d’une pêche toujours plus efficace. Cette époque a permis au service Technologie des Pêches d’acquérir un savoir-faire incontestable et d’initier les premières études sur la sélectivité. La prise en compte des enjeux du développement durable s’est effectuée à la fin des années quatre-vingt et s’est accentuée jusqu’aux années 2000. Des programmes sur la sélectivité se sont mis en place associant scientifiques et professionnels (lire page 1), le Plan d’urgence merlu a également accéléré le processus. À Le bassin d’essai de Lorient permet d’imaginer les chaluts du futur. TESTS SUR ÉCRAN Dans le cadre d’un plan intitulé « Diagnostics semi-personnalisés pour l’optimisation des trains de pêche en Région Bretagne », deux techniciens ont été embauchés par le CRPMEM Bretagne (sur financement de la Région Bretagne et de l’ADEME), en partenariat avec les sociétés Morgere, Le Drezen, Docks de Keroman. Depuis mai 2007, encadrés par Benoît Vincent, hydrodynamicien de l’Ifremer et concepteur du logiciel, ils réalisent des simulations à partir de plans proposés par des professionnels volontaires. Une quinzaine de cas ont déjà été étudiés, comme celui du Neizhan du Guilvinec. Il a vu tester ses chaluts sur écrans puis P Comment voit-on l’avenir depuis le laboratoire de Lorient ? Le chalut du futur sera très sélectif, moins impactant sur le fond et il permettra d’améliorer la qualité des prises. La sélectivité sera aussi améliorée en amont et n’oublions pas le développement de techniques complémentaires ! (lire page 1) Jusqu’à présent, nous avons travaillé sur des solutions viables à court terme pour les professionnels, en évitant autant que possible les pertes de captures de petite taille commerciale. Pour répondre à l’objectif 2015 et tendre vers le MSY (rendement maximal durable) il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Mais pour obtenir des gains de cette ampleur à moyen terme, il faut supporter des pertes à court terme, ce qui n’est bien sûr pas neutre, d’un point de vue économique, pour les entreprises et nécessite un accompagnement. C’est une question de calendrier. Toutes les parties prenantes souhaitent atteindre à moyen ou long terme un niveau de gestion optimum. Les nouvelles de l’Ifremer n°94 à bord du navire de l’Ifremer, GwenDrez, avant de valider en mer sur le Neizhan les modifications de conception proposées. À court terme, ces essais devraient aboutir à une diminution de la traînée du chalut, donc de la consommation en carburant, grâce à l’utilisation de nouveaux matériaux associant résistance et finesse, et par une optimisation numérique de la géométrie. Cela permettra en outre de diminuer la taille des panneaux divergents et de génèrer une économie complémentaire. À moyen terme, ces améliorations pourraient encore concerner la réduction de la surface de contact du bourrelet et des différents éléments traînants du chalut, une diminution du poids des panneaux ou de nouvelles formes porteuses hydrodynamiques. Tous ces angles d’approche (définition de trains de pêche de fond et pélagique innovants, traînée minimum, impact réduit sur le fond, nouveaux concepts de panneaux ou de bourrelets) sont abordés dans le projet Optipêche, dans le cadre du pôle de compétitivité Mer. Lancé en mai 2007 pour une durée de trois ans sur financement de la Région Bretagne et des collectivités locales, il associe, pour sa composante « engins de pêche », les sociétés Morgère, Le Drezen, IXTrawl et l’IMP, sous le pilotage de l’Ifremer. Il concerne aussi les sondeurs multifaisceaux et l’instrumentation de chalut (capteurs de panneaux, de courantométrie, de détection acoustique ; répulsifs à cétacés). UNE COORDINATION NATIONALE Le plan d’actions dans le domaine des économies d’énergie est actuellement coordonné par Daniel Priour, ingénieur à Ifremer Brest. Il passe par des ateliers organisés sur ce thème au cours desquels sont abordés les différents aspects des économies de carburant : le moteur, le carburant, le bateau, les engins, mais aussi les aspects économiques, le comportement des pêcheurs, le changement d’engin. Le prochain événement, une table-ronde qui réunira professionnels et scientifiques, se déroulera au salon Itech’Mer à Lorient, le 25 octobre (salle Région Bretagne). D’autres actions sur les économies d’énergie à la pêche sont en cours à l’échelle européenne. Le projet Esif (Energy Saving in Fisheries) par exemple, coordonné par Imares (Pays-Bas), vise à compiler les connaissances sur ce thème, à collecter de nouvelles données et à les analyser en vue d’estimer les économies potentielles. L’Ifremer est impliqué sur les aspects économiques et sur la simulation de trains de pêche. *http://www.ifremer.fr/dynamit/fr/ presentation.htm publiées dans du 28 septembre 2007 © Ifremer/DynamiT Avec le logiciel DynamiT, la simulation numérique est au service de l’optimisation des engins de pêche. © Ifremer http://www.ifremer.fr/dynamit/fr/

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