Revue - Gazette du Palais - Hors Série du 25 juin 2024 - Nouvelles technologies : Des Horizons élargis pour les juristes ? - 47

Actes de colloque
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Transparence sur l'utilisation des nouvelles technologies
- connaître les instruments utilisés
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L'essentiel
Les nouvelles technologies suscitent et font ressurgir la « crainte de l'inconnu ».
Les métiers comptables ou de la finance sont confrontés depuis des années à une évolution constante des
technologies, qui n'est pas près de s'arrêter. Ils ont probablement, en ce qui concerne l'utilisation et la
maîtrise des outils, un peu d'avance par rapport aux métiers du droit.
Cette expérience en la matière est susceptible d'apporter aux juristes un éclairage, qu'ils peuvent reprendre
à leur compte, quant à l'impact de ces évolutions non seulement sur l'organisation, mais aussi sur le contenu
même des travaux à effectuer.
Tout au long de la présentation, nous devons garder une vision positive qui vise : d'une part, à considérer les
nouvelles technologies comme un atout, avec des outils qui contribuent à accroître nos exigences de qualité ;
d'autre part, à rester attentifs et ouverts, mais également prudents face aux nouveautés.
I. INTRODUCTION
Par
Agnès PINIOT
Expert près la cour
d'appel de Paris, expertcomptable,
commissaire
aux comptes, présidente
de Ledouble
Vous m'avez demandé,
dans ce domaine, de vous
faire part d'un retour d'expérience
avec mes trois
« casquettes » d'expertcomptable,
de commissaire
aux comptes et de présidente
d'honneur de l'APEI, association professionnelle des
experts indépendants.
Commençons par deux constats généraux :
- primo, nous nous adaptons sans cesse, et nous n'avons
jusqu'alors pas constaté un remplacement de l'homme
par la « machine » ;
- secondo, en comparaison de situations antérieures
à l'avènement des nouvelles technologies, a fortiori de
l'intelligence artificielle (IA), nous sommes aujourd'hui
en mesure, grâce aux progrès technologiques, de mener
des diligences plus approfondies que par le passé, et disposons
d'une masse d'informations qui, tant en nombre
qu'en qualité, n'étaient pas accessibles auparavant.
Pour clôturer nos deux jours de débats, il me paraît donc
intéressant de partager avec les juristes l'expérience des
financiers qui se trouvent sur un chemin escarpé dont ils
ont déjà parcouru plusieurs kilomètres, mais dont ils n'entrevoient
toujours pas l'aboutissement, puisque l'horizon
ne cesse de s'élargir, notamment avec l'émergence de l'IA
dans nos métiers.
Comme je vais tenter de l'expliquer, cette expérience nous
permet, à nous financiers, de rester confiants dans l'avenir
et enthousiastes à l'aune de ces changements, et de
suggérer à nos amis juristes de l'être tout autant.
Pour aborder concrètement ce sujet, examinons tour à
tour les trois principaux aspects de nos métiers (j'ai regroupé
les deux premiers sous la rubrique des métiers de
la comptabilité et de l'audit) :
- l'expertise comptable (au sens de la production et/ou de
la restitution de l'information financière) ;
- l'audit légal (au sens de la certification des comptes
stricto sensu ; compte tenu du temps de parole qui m'est
imparti et du caractère assez récent des missions dévolues,
entre autres, aux commissaires aux comptes, pour la
vérification des informations contenues dans les rapports
de durabilité, du fait de la transposition (1)
en droit français
,
de la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) (2)
je ne ferai volontairement pas référence à ces nouvelles
missions) ;
- l'analyse financière et l'évaluation (qui vont généralement
de pair).
II. LES MÉTIERS DE LA COMPTABILITÉ
ET DE L'AUDIT
Les métiers de la comptabilité et de l'audit ont déjà subi
des évolutions importantes.
Traitons successivement de la situation de l'expert-comptable
(I) et de celle de l'auditeur (II).
A. L'expert-comptable
La mission de l'expert-comptable est probablement celle
qui a connu la plus grande révolution informatique au
cours des dernières années, disons même des deux dernières
décennies (du milieu des années 2000 jusqu'à nos
jours). C'est ainsi que :
- plus personne n'imaginerait tenir une comptabilité sans
un logiciel comptable ou établir des fiches de paie sans
recourir à un logiciel ;
- les déclarations sociales et fiscales sous format papier
ont disparu, et sont maintenant réalisées en ligne
ou déposées sur des portails ouverts aux redevables et
contribuables par l'Administration ;
- les rapprochements bancaires sont établis de manière
automatique par comparaison entre les informations
comptables et les données bancaires ;
NDA : La forme orale de l'intervention a été conservée.
(1) Par Ord. n° 2023-1142, 6 déc. 2023.
(2) PE et Cons. UE, dir. n° 2022/2464, 14 déc. 2022, CSRD, applicable depuis
le 1er
janvier 2024.
GAZETTE DU PALAIS - mardi 25 juin 2024 - n O hor s-sér ie 45
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