Fonction publique - Utiliser les réseaux sociaux dans la fonction publique - 1re - 27

Chapitre 2 * Réconcilier deux cultures

Un ambassadeur sur Twitter
Comment convaincre un ambassadeur de l'importance des réseaux sociaux ? Michel Raineri, inspecteur des Affaires étrangères et ancien Ambassadeur de France en Estonie, témoigne de son expérience d'autodidacte. Il a été parmi les premiers ambassadeurs à créer un compte en son nom propre
et encourage désormais ses collègues à l'imiter.
Pourquoi avez-vous ouvert un compte Twitter personnel en plus de celui du compte
institutionnel de l'Ambassade ?
Deux points me paraissent importants : réactivité et personnalisation. Les comptes institutionnels
sont bien adaptés à l'information factuelle : visites, événements organisés par l'ambassade, retweet
des positions françaises, etc. Mais les collaborateurs qui tiennent ces comptes hésitent à aller au-delà, sauf à faire valider leurs tweets par le chef de Poste, et on perd en réactivité. Le chef de Poste, lui,
prend ses responsabilités dans ce qu'il dit et peut donc tweeter « on the spot ». C'est la règle du jeu,
à travers laquelle on bâtit sa popularité.
Quelle différence faites-vous entre ces deux comptes ?
Je pense qu'ils sont complémentaires : le compte institutionnel est formel (ce qui ne l'empêche pas
d'être attrayant), le compte personnel permet d'exprimer une opinion, d'insister sur un aspect d'une
information factuelle qui intéresse particulièrement le lectorat, en l'occurrence les abonnés locaux.
Quels avantages y trouvez-vous ?
Il se produit un véritable échange avec les abonnés, ne serait-ce qu'en « likant ». On a donc un
feedback instantané des lecteurs parce qu'ils savent « qu'il y a quelqu'un au bout du tweet » (et
réciproquement : montrer à un twittos qu'on le suit attentivement). Cela permet de vérifier auprès
de nos interlocuteurs comment une information, une opinion, passe auprès d'eux, et d'orienter la
politique de communication à plus long terme. Selon qu'un ministre réagit (ou ne réagit pas) à un
tweet, on sait qu'il faudra revenir à la charge sur le sujet correspondant, ou se faire plus discret, ou
bâtir une connivence, etc. Toutes choses qui ne peuvent se faire à travers un compte institutionnel et
encore moins avec les moyens traditionnels de communication, communiqués de presse (fussent-ils
disponibles sur le site de l'ambassade), articles de presse, etc.
Combien de temps y consacrez-vous par semaine ?
Au début, environ une heure par jour, soit environ six heures par semaine (il faut regarder le weekend). Ensuite, l'habileté venant, on peut réduire ce temps quand on a appris à sélectionner ses
lectures et à rédiger ses tweets.
Quel serait le premier conseil que vous donneriez à un homologue débutant ?
Il faut se lancer ! L'aide d'un « habitué » ou une petite formation permettent d'acquérir les réflexes
de base (usage des « hashtags », choix de la langue de communication...), mais l'essentiel de
l'expérience vient en pratiquant, on forge son style, on définit ses objectifs... Au début, on peut
simplement rester passif, mais très rapidement on s'aperçoit qu'on ne peut plus se passer de cet outil
de communication et de sa plus-value.

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