Mémentos - Note de synthèse - 2e - 83

CHAPITRE 3 - Dossier corrigé - La violence conjugale
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violences faites aux femmes se réalisent ne laisse aucun doute : il s'agit essentiellement
de sentiment d'entitlement (3) masculin. Hélas, la littérature sérieuse ne laisse pour le
moment guère d'illusions quant aux perspectives de traitement des conjoints violents ;
ce sont donc d'autres pistes qu'il convient d'envisager.
Les causes : entitlement masculin et patriarcat et/ou conflits interpersonnels ?
Pour certains, la VD est essentiellement une question de dynamique de couple qui
dysfonctionne et est réciproque ; pour d'autres, elle est avant tout une question de
domination masculine et de patriarcat. Ces deux discours s'affrontent violemment, sur
fond de retour de bâton misogyne virulent que l'on sent également dans la sphère familiale
(Herzog-Evans et Brunetti-Pons, à paraître). Ces deux discours ne sont pourtant pas
antinomiques, même si la domination masculine (Bourdieu, 1998) est bien au centre de
la plupart des VD.
Deux discours en conflit
Alors qu'il ne faisait point de doute dans les années 1970, lors du début du mouvement
des shelters (foyers pour femmes battues), que la VD était essentiellement une affaire
d'hommes agresseurs et de femmes victimes dans un contexte d'oppression patriarcale
et que la violence ne constituait d'ailleurs qu'une partie de l'équation, depuis quelques
années, un « retour de bâton » (backlash) se produit sous l'impulsion de mouvements de
défense d'hommes et de pères en difficulté manifeste avec la masculinité moderne. Utilisant
les données officielles - dont nous avons vu le manque de fiabilité - ils affirment
que les femmes seraient presque aussi violentes que les hommes, et que les violences
seraient la plupart du temps réciproques dans des contextes de conflits interpersonnels.
La simplicité brute des données statistiques peut certes donner l'impression qu'il s'agit
d'histoires de couples plutôt que d'un problème endémique, épidémiologique et
profondément enraciné dans l'histoire des rapports de genre. Les défenseurs des
femmes battues rétorquent que ce sont quasiment exclusivement des femmes qui
peuplent les services d'urgence et ont besoin de se cacher dans des shelters, que la
violence masculine n'est qu'un petit aspect d'un continuum de contrôle, de domination,
d'asservissement et de coercition, qui demeurent invisibles des statistiques, comme,
hélas, de la chaîne pénale ; que les violences des hommes sont d'une gravité sans
commune mesure avec celle des femmes, que, dans de nombreux cas, celles-ci n'ont
fait que réagir à l'attaque de leur conjoint et que les violences des femmes ne s'accompagnent
pas d'emprise totale (sur ces oppositions : Stark, 2007).
L'on n'a pu comprendre pourquoi ces deux réalités s'affrontaient sans jamais se rencontrer
que depuis les travaux fondateurs de Johnson (Johnson, 2008), lequel a montré qu'il
existait trois types de VD.
* La violence mise en œuvre dans un contexte de contrôle total, qui est commise presqu'exclusivement
par des hommes envers des femmes. On parle alors de « terrorisme
intime » (en français, de : tyran domestique ; pour Stark [2007], et plus justement, de :
coercive control). Dans ce contexte, la violence fait partie d'un continuum d'actes d'intimidation,
d'insultes, de menaces, d'isolement, de mise sous tutelle, etc. Cette forme de
VD représenterait environ entre 50 à 75% des situations.
* La violence en tant que réponse (résistance) de l'un des partenaires à la tentative de la
part de l'autre de le contrôler. La plupart du temps, il s'agit de la femme qui répond à la
violence et au contrôle de l'homme, qui est un terroriste intime, en frappant à son tour.
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