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MÉMENTOS - NOTE DE SYNTHÈSE
patriarcale. L'égalité - encore incomplète - entre hommes et femmes sur le plan des
droits, est encore extrêmement récente (Pomeroy, 1975). Il serait donc d'une très
grande naïveté d'imaginer que toute manifestation du passé de la domination masculine
dans toutes les sphères de la vie publique comme privée ait entièrement disparu.
Une partie des hommes n'accepte pas la nouvelle organisation des rapports entre
hommes et femmes et s'attache à maintenir dans la sphère privée le schéma traditionnel
de la femme enfermée au domicile et étant à leur service permanent, dans les domaines
domestique, affectif et sexuel. La notion d'entitlement, dont nous avons vu qu'elle était
exacerbée chez les personnes présentant des troubles de la personnalité, est également
prédominante dans ces schémas de pensée. Comme nous l'avons vu, les formes de
contrôle, les thématiques utilisées pour les insultes, menaces et dénigrement, sont
toutes en lien avec ces perceptions de la « juste » place des femmes rapportée à celle
des hommes. Le rejet violent de l'égalité des femmes touche d'ailleurs le genre masculin
bien au-delà des maris abuseurs ; la perte du male entitlement entraîne également
comme choix de cible les minorités ethniques et les minorités homosexuelles (Kemmel,
2013).
C'est que pour une partie des hommes, être violent envers les femmes fait partie d'un
registre où l'on do masculinity, i.e. où l'on donne à voir l'essence de ce qui est perçu
comme étant le comportement masculin attendu (V. l'ouvrage de référence : Connell,
2005). Précisément, pour une partie des hommes, la masculinité se définit par la domination
et les droits sur les femmes (Anderson et Umberson, 2001). Ces comportements
sont appris très tôt par les jeunes hommes qui « profitent de l'organisation sociale qui
privilégie systématiquement les hommes par rapport aux femmes » (Holland et al.,
1998 p. 537- notre traduction). Pour une partie des hommes, la masculinité est au
demeurant corrélée à la violence elle-même (Stanko, 1994 ; Polaschek et al., 2009 ;
Hatty, 2000).
Des recherches se focalisant sur la cognition et les schémas, concept créé par Ward à
propos des agresseurs sexuels (Ward, 2000) et renvoyant aux théories et croyances que
l'être humain développe au fur et à mesure de son existence par le biais des apprentissages
sociaux qui lui permettent ensuite d'appréhender le monde et de répondre à des
situations, ont montré que les abuseurs ont également des schémas erronés ou « théories
implicites » bien spécifiques (V. par ex. Pornari et al., 2013 ; Dempsey et Day, 2011 ;
Eckhardt et al., 2012). Celles-ci se caractérisent notamment par des perceptions très
négatives sur les femmes en général ; un sentiment global - l'on y revient constamment
- d'entitlement ; la normalisation de la violence en général et/ou dans les relations interpersonnelles
; des stéréotypes de genre patriarcaux particulièrement marqués (plus ceuxci
sont stéréotypés et plus la violence tendrait à être sévère : Saunders, 1992).
L'ensemble des schémas conduit à une tendance particulièrement prononcée au déni,
à la minimisation, à la légitimation des actes de violence et à leur imputation à la
victime (Dobash et Dobach, 1998 ; Ptacek, 1988). Le patriarcat est également central
dans la compréhension des réactions sociétales et institutionnelles durablement inadaptées
face à la VD (Stark, 2007).
Si l'on a compris très tôt que la masculinité et le patriarcat étaient des données centrales
dans les VD, aujourd'hui, nous assistons à un « retour de bâton » (backlash), tendance
d'abord apparue aux États-Unis et dominante aujourd'hui dans les pays occidentaux,
consistant à prétendre que les femmes seraient aussi violentes que les hommes. Le
risque est dès lors grand, d'une part, de perdre toute compréhension de ce qui fait

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