En poche - Introduction historique au droit - 2e - 12

afin d'étendre les actions de l'ancien droit civil aux non citoyens (en
inscrivant dans la formule l'expression « comme s'il était citoyen »).
C'est également ce qui conduit à l'extension de l'application d'actions
déjà existantes à des situations imprévues par elles, mais aussi à en
créer tout simplement de nouvelles. Ce pouvoir novateur permet en
outre au préteur de moduler les effets de l'application du droit : mécanismes
d'exceptions, d'annulations, d'interdits, prise en compte du dol
sont autant de moyens de pallier les rigueurs du droit ancien et d'introduire
d'avantage d'équité et de nouveauté dans le droit romain.
Magistrat élu pour un an, le préteur présente à son entrée en fonction
le « programme » des actions qu'il accordera, publié sous la forme
d'un édit, appelé « perpétuel » car il vaut pour toute la durée du mandat.
Chaque préteur est libre d'y ajouter ses innovations, même si un
fond commun se constitue progressivement. Source du droit établie, il
fait bientôt l'objet de commentaires et d'analyses par un nouvel acteur
du « champ juridique » romain : la jurisprudence.
LA NAISSANCE DE LA SCIENCE DU DROIT
L'invention d'une science juridique proprement dite à Rome est indissociable
du mouvement de sécularisation du droit annoncé par la
LXIIT. Un siècle et demi plus tard (en -304), les secrets du droit sont
rendus publics. Les préteurs, des laïcs, interviennent dans la création
du droit. En somme, le « monopole » des pontifes touche à sa fin. Ce
fut le rôle d'un groupe d'hommes nouveau, bientôt appelés prudentes
(d'où la iuris prudentia), que de construire une expertise sur ce droit
en pleine mutation. D'abord recherchés pour leurs consultations juridiques
(les responsa), leur apport fondamental est d'avoir réussi à
faire du droit une discipline à part entière : d'avoir entrepris son
organisation en système et de lui avoir donné une véritable profondeur
théorique. C'est, influencé par la science et la philosophie grecques,
tout un effort de classifications, de définitions, de conceptualisations
qui se fait jour et donne naissance au droit en tant que pratique, langage
et raisonnement spécifiques.
Cette autonomie de la réflexion juridique est confirmée par sa constitution
en une véritable doctrine. Les maîtres forment des disciples, des
écoles se constituent peu à peu. Ce mouvement est consacré par la
rédaction des premiers ouvrages juridiques, qui sont autant d'indices
d'un savoir en gestation. La littérature juridique s'enrichit alors de
commentaires de la LXIIT et de l'édit du préteur, de lexiques, voire
de véritables traités (digesta) dont Q. M. Scaevola donne au début du
Ier
s. av. n. è. le premier exemple connu. Un écrit perdu de Cicéron,
le De iure civili in artem redigendo, propose quant à lui un programme
méthodologique visant à structurer les connaissances des juristes. Au
milieu du IIe
s. de n. è., un professeur de l'école de Beyrouth, Gaius,
offre avec ses Institutiones, manuel destiné aux étudiants, un modèle
Rome : l'épanouissement du droit classique
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