Chapitre 8 - La planification et le diagnostic stratégique Ces informations favorisent la prise de décision des dirigeants dans les domaines des investissements, des recrutements, des rémunérations et des politiques de formation, ou encore de sélection des fournisseurs. Le contrôle de gestion permet aussi de positionner l'entreprise dans son environnement technologique : par l'analyse de ses dépenses de R&D et par une veille technologique des évolutions sur le marché. L'analyse des dépenses de R&D permet d'en vérifier la productivité et l'efficacité : combien dépense-t-on ? s'agit-il bien de dépenses activables ? quel est le résultat ? combien de brevets sont déposés ? La veille technologique permet de repérer les évolutions de marché et les risques de rupture. S. Rocher et J.-C. Mathé (2006) synthétisent le cycle de rupture technologique somme suit : On retrouve ici l'approche de J. Schumpeter d'innovation incrémentale et de destruction créatrice. Le graphique montre clairement que les innovations sont souvent précédées de signes annonciateurs, notamment par la veille concurrentielle, et qu'elles proviennent essentiellement d'améliorations continues appelées incrémentales. Le contrôle de gestion doit être attentif à ces éléments et comparer l'entreprise à ses concurrents en permanence. Le contrôleur de gestion a ici un rôle de rationalisation des décisions des dirigeants : le concept flou d'innovation de rupture (ou disruptive) présenté par Clayton Christensen est souvent mal compris et peut donner lieu à de mauvaises décisions. L'innovation de rupture n'est pas définie par l'auteur du concept et il ne s'agit souvent que du lancement de nouveaux produits qui viennent concurrencer des entreprises existantes soit sur un nouveau rapport qualité/prix (on parle de rupture de bas de gamme comme Free dans la téléphonie), soit sur des produits innovants (comme l'Ipad d'Apple). C. Christensen évoque en réalité l'éviction de produits existants par des substituts moins élaborés capables de séduire davantage de clients, comme l'appareil photo numérique (au début nettement moins performant que l'appareil argentique) ou l'imprimante à jet d'encre (de moins bonne qualité que la photocopieuse)1 . 1. https://www.hbrfrance.fr/chroniques-experts/2014/11/4491-linnovation-ce-nest-pas-la-rupture/ 213https://www.hbrfrance.fr/chroniques-experts/2014/11/4491-linnovation-ce-nest-pas-la-rupture/