Les Carrés DSCG - DSCG 3 - Management et contrôle de gestion - 3e - 273

Chapitre 11 - Le management du changement
Schumpeter apporte sa théorie de l'innovateur pour expliquer l'origine de la croissance :
- les innovations majeures constituent le point de départ de leur phase d'expansion. Le taux de croissance
est d'abord lent parce que les capitalistes sont réticents. Mais lorsque le succès apparaît, c'est
la ruée. Toutes les innovations qui constituent non pas de l'imitation pure et simple mais plutôt de
l'amélioration des produits précédents sont rapidement mises sur le marché ;
- la croissance s'accélère jusqu'à ce que ces innovations secondaires s'épuisent et que la concurrence
entre les entreprises diminue le taux de profit ;
- quelques entreprises font faillite, la confiance des capitalistes dans le talent des innovateurs diminue ;
tout ceci concourt à précipiter le recul de la production ;
- pour que la confiance revienne il faut une accumulation d'inventions techniques peu ou pas exploitées
et une nouvelle génération d'entrepreneurs conscients du parti qu'ils peuvent en tirer. L'entrepreneur
de Schumpeter est donc très rare et a une psychologie qu'on rencontre assez peu dans les manuels
de théorie économique. Il ne cherche pas la maximisation du profit, lequel serait d'ailleurs plutôt
l'objectif du capitaliste.
Les travaux de Schumpeter sont importants car à la base de nombreuses théories de la croissance : Robert
Solow évoque le progrès technologique comme seul moteur de croissance en dehors de la démographie
et de l'annexion de territoires.
Carlota Perez pense que ce progrès technologique repose sur la répétition d'un même modèle : révolution
industrielle (fin 18e
), révolution de la vapeur (1830), révolution de l'électricité (1875), révolution de l'automobile
et de la production de masse (1910) et révolution des TI depuis 1970, suivent un même cycle :
- d'abord une période d'installation, imposant de nouvelles façons de penser mais aussi une frénésie
financière et une destruction créatrice ;
- puis un tournant avec une crise économique ;
- finalement un âge d'or qui voit une amélioration du niveau de vie (l'ère victorienne, la Belle Époque,
les Trente Glorieuses) et se termine par un déclin de la productivité, en attente d'un nouveau cycle.
Ces cycles sont déclenchés par la finance, qui cherche d'abord de nouveaux relais de croissance et alimente
l'innovation, puis, face à la fin des gains de productivité, retire ses fonds pour les affecter ailleurs, et ainsi de
suite... Le problème pour Carlota Perez (interview dans l'Express du 16 juin 2022) est la situation actuelle
où la finance investit dans les instruments financiers et pas dans l'économie réelle, encouragée par l'argent
facile de 2008. Or, l'âge d'or dans lequel nous pourrions être implique un « recouplage » entre finance
et économie réelle. Cet âge d'or serait une croissance verte, équitable et mondiale, collaborative au plan
scientifique, en alliant recherche en biologie, en chimie, en médecine, en matériaux : l'objectif étant de faire
face aux défis en matière d'environnement, de santé, de logement, d'énergie, tout en préservant la planète.
Cela suppose un retour à la réalité et la fin d'investissements stériles dans les jeux vidéo, le métavers ou les
cryptomonnaies. Cela implique une nouvelle croissance, et non une décroissance : l'enjeu est que tout le
monde ait un réfrigérateur mais avec une durée de vie d'un siècle, en passant par des matériaux recyclés
et une économie locative fondée sur des services de maintenance.
271
Les Carrés DSCG - DSCG 3 - Management et contrôle de gestion - 3e

Table des matières de la publication Les Carrés DSCG - DSCG 3 - Management et contrôle de gestion - 3e
