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L'ESSENTIEL DE L'HISTOIRE DES INSTITUTIONS
Il ajoute néanmoins que « la marque essentielle et naturelle de la souveraineté est de donner et
casser la loi ». Cette idée sera confortée par tous les penseurs de l'absolutisme. Ainsi pour Guy
Coquille, « L'un des principaux droits de la majesté et autorité du roy est de faire loix et ordonnances
générales ». Cette base théorique permettra à la royauté d'affermir en pratique son
pouvoir législatif.
L'ordonnance royale devient le moyen privilégié par la royauté de réformer le royaume. Le roi y
a recours lorsqu'il s'agit de régler un ensemble de questions. Au XVI
e siècle, les ordonnances de
réformation voient le jour. Elles constituent en réalité des compilations de règles plus anciennes
relatives à des matières diverses (procédure, justice, finances...). Au siècle suivant, ce sont des
ordonnances de codification qui apparaissent. Elles ont vocation à apporter clarté et cohérence
au droit dans certains domaines (donations, testaments...). Le roi intervient par le biais d'un édit
lorsqu'il s'agit de régler une question particulière ou lorsque la mesure concerne un territoire
donné ou un groupe restreint de personnes (v. Chapitre 8).
Progressivement, le roi de France devient le maître de l'ordonnancement juridique du royaume
puisque même les coutumes tirent progressivement leur force de leur publication officielle.
c) L'absolutisme de droit divin
L'absolutisme atteint son paroxysme dans les idées de Jacques Bénigne Bossuet (1627-1704) qui
accompagnent le règne de Louis XIV. Homme d'Église et éminent représentant du « gallicanisme
», il est partisan d'un pouvoir royal absolu, autonome et indépendant du Pape. Plus
encore, dans sa Politique tirée des propres paroles de l'Écriture sainte (1709), il renforce davantage
la monarchie absolue en lui apportant un caractère religieux. Bossuet fait du roi le « ministre de
Dieu » sur Terre. Selon lui, « le trône royal n'est pas le trône d'un homme, mais le trône de Dieu
même ».
Cette place particulière emporte deux conséquences. D'abord, la personne du roi est sacrée, de
sorte que toute atteinte est considérée comme un sacrilège. Ensuite, enfreindre les ordres du roi
revient à désobéir à Dieu. Autrement dit, l'obéissance au roi relève désormais d'une obligation
religieuse.
À bien des égards, l'apport des théoriciens est décisif dans la construction de la monarchie
absolue. Pourtant, contrairement à une idée reçue, ils ne lui accordent pas une puissance sans
limites.
■ Les limites de l'absolutisme
Il ne faut pas confondre monarchie absolue et régime arbitraire. En effet, si le monarque absolu
concentre tous les pouvoirs, il doit agir dans l'intérêt général. En d'autres termes, la monarchie

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