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L'ESSENTIEL DE L'HISTOIRE DES INSTITUTIONS
1 La conception du pouvoir mérovingien
Comme tous les barbares, les Francs cherchent à s'intégrer à la romanité tout en conservant leurs
spécificités. Le pouvoir mérovingien est ainsi le fruit d'une synthèse entre différentes traditions
politiques et institutionnelles. Il en découle une royauté essentiellement germanique marquée
toutefois par les héritages romains et chrétiens.
■ Un pouvoir essentiellement germanique
Le pouvoir de Clovis et de ses successeurs est avant tout d'essence germanique. Cette tradition se
manifeste à tous les niveaux. Il en résulte une légitimité à la fois personnelle et dynastique. Dans le
même sens et contrairement à Rome, l'attitude du roi à l'égard du royaume est semblable à celle
d'un propriétaire.
a) La conception personnelle et dynastique du pouvoir
La royauté mérovingienne revêt une légitimité tout à la fois personnelle et dynastique. Personnelle,
car le pouvoir royal relève pour une large part du charisme du roi, de sorte que la royauté se
confond entièrement dans sa personne. Le roi doit ainsi se montrer apte à gouverner du fait de
qualités personnelles extraordinaires. L'absence de celles-ci, qui se manifestera durant la période
dite des « rois fainéants » (673-751), entraînera le déclin inexorable de la royauté mérovingienne
jusqu'àsa chute. Dynastique, car le charisme est monopolisé par la famille de Clovis, considérée
comme seule capable de régner. La légitimité royale se matérialise dans la longue chevelure que
portent les Mérovingiens, leur valant le surnom de « rois chevelus » (reges criniti). Cette particularité
explique pourquoi Pépin le Bref veillera à faire tondre Childéric III après l'avoir déposé en 751.
Il n'existe dès lors aucune dissociation entre la personne et la fonction du roi comme ce fut
le cas à Rome. Selon la tradition franque du compagnonnage (comitatus), le roi mérovingien est
avant tout un chef de guerre entouré de ses hommes. Son autorité ne découle pas de sa fonction,
mais des liens qui l'unissent personnellement à ses sujets. Il est d'ailleurs révélateur que le titre de
rex Francorum (roi des Francs) renvoie non pas à un territoire, mais aux hommes que le roi dirige.
Ce lien personnel se forme par le biais d'un serment de fidélité que prêtent les grands du
royaume,le leudesamium. Le serment oblige les leudes (les fidèles) à un dévouement complet
au roi en échange de sa protection et de récompenses diverses. Le caractère personnel de la
royauté exclut donc toute conscience de l'État et de la continuité de celui-ci. À la mort du roi, ses
successeurs devront raffermir leur pouvoir notamment en renouvelant les serments de fidélité.

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