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L'ESSENTIEL DE L'HISTOIRE DES INSTITUTIONS
a) La conversion de Clovis
Les enjeux du baptême de Clovis sont plus politiques que religieux. Depuis l'édit de Thessalonique
de 380, l'Église catholique s'est organisée en suivant le modèle de l'administration impériale. À la
chute de l'empire, elle devient l'un des principaux vecteurs de transmission de la culture romaine.
De plus, sa solide implantation territoriale lui permet de jouir d'une forte influence sur les populations
gallo-romaines, majoritaires en Gaule. La position de l'Église est cependant très inconfortable.
La plupart des royaumes barbares établis en Gaule ont choisi la doctrine arienne, considérée
comme une hérésie depuis le concile de Nicée (325). Afin de se prémunir contre les persécutions,
l'Église recherche un protecteur.
Clovis, qui est alors de religion païenne, entretient dès son avènement de bons rapports avec le
clergé catholique, et particulièrement avec Rémi, évêque de Reims. Cette proximité entre les
deux hommes se remarque dans une lettre adressée au roi par l'évêque peu après son accession
au trône. Rémi y fournit à Clovis des recommandations en vue de conserver la faveur de Dieu. La
proximité entre les deux hommes est confirmée par la promesse faite par Clovis à Rémi de restituer
à l'Église le célèbre vase dérobé lors de la prise de Soissons par les Francs.
Avant la conversion de Clovis, il ne restait qu'un pas, qui sera franchi après la bataille de Tolbiac
(496). Selon la tradition, Clovis aurait fait le vœu de se convertir à la religion de sa femme
Clotilde, nièce du roi des Burgondes, en cas de victoire face aux Alamans. Ayant défait ses
ennemis, le roi se conforme à sa promesse en se faisant baptiser par Rémi avec 3 000 de ses
hommes à Reims un 25 décembre entre 496 et 499.C'est là qu'une colombe aurait apporté à
l'évêque de Reims la Sainte Ampoule pour oindre le front du roi.
L'épisode du baptême de Clovis, qui sera rapproché de celui de la conversion de l'empereur Constantin,
aura des conséquences majeures tant sur le plan politique que sur le plan institutionnel.
D'abord, il permet au roi des Francs d'obtenir aussi bien le soutien du clergé que l'acceptation
des populations gallo-romaines. Suivant les conseils prodigués à Clovis par Rémi, les Mérovingiens
se conforment à la morale chrétienne en vue de bénéficier du soutien de Dieu. Les clercs deviennent
dès lors les conseillers privilégiés du roi. De même, à l'image des empereurs romains, les
Mérovingiens se placent en protecteurs de l'Église. La bienveillance royale se manifestera entre
autres par l'octroi de privilèges comme des exemptions d'impôts ou des immunités.
En devenant chrétiens, les rois francs héritent par ailleurs d'une controverse sur les rapports entre
le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel. Schématiquement, deux courants coexistent. Le premier
est porté notamment par le pape Gélase Ier
(492-496). Ce dernier reconnaît l'autonomie et la
complémentarité des deux pouvoirs du fait de leur origine divine. Pour autant, en raison de ses
finalités, le pouvoir spirituel - que Gélase qualifie d'auctoritas (autorité) - doit être supérieur
au pouvoir temporel - réduit à une simple potestas (pouvoir).L'autre courant est

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