Les Carrés Rouge - L'essentiel de l'Histoire des institutions - 1re - 51

CHAPITRE 3 - La royauté mérovingienne, entre traditions germanique et romaine
porté par l'évêque Rémi qui accepte une certaine forme d'autorité du roi chrétien sur
l'Église en échange d'une participation des clercs dans le gouvernement.
Concrètement, de même que les empereurs chrétiens, les rois mérovingiens convoquent et président
des conciles comme celui d'Orléans en 511. Comme eux, ils interviendront dans le recrutement
des évêques. Cette attitude sera toutefois à l'origine de nombreux coups de force. Par
exemple, en 614, durant le concile de Paris, les évêques tentent de supprimer toute influence
royale dans le processus d'élection épiscopale. À peine quelques jours après la fin du concile,
Clotaire II vient modifier les dispositions conciliaires par un célèbre édit consacrant la possibilité
pour le roi de vérifier l'élection épiscopale et donc de contrôler dans une certaine mesure le choix
du candidat.
Enfin, bien que le baptême de Clovis ne soit pas un sacre, il demeurera tout au long de l'Ancien
Régime la légende fondatrice justifiant tant le choix de la ville de Reims pour le sacre des rois de
France, que l'utilisation de la sainte ampoule pour l'onction.
b) L'utilisation de l'héritage romain
La fascination des Francs pour la culture romaine et le contact avec une Gaule fortement romanisée
ont entraîné de nombreux emprunts dilués dans la conception du pouvoir mérovingien. Ces
emprunts sont principalement visibles sur le plan formel. C'est en effet tout un vocabulaire du
pouvoir issu de Rome auquel ont recours Clovis et ses successeurs. Le titre de rex que porte le roi
est un titre romain accordé par l'empereur au chef d'une population barbare fédérée. Dans les
actes normatifs, qui comme à Rome sont qualifiés d'édits ou de décrets, le roi n'hésite pas à se
parer du titre de princeps (prince) à la manière de l'empereur romain.
Cette inscription des Mérovingiens dans la romanité est d'ailleurs reconnue à Constantinople.
Ainsi, après avoir expulsé les Wisigoths lors de la bataille de Vouillé en 507, Clovis se voit attribuer
le titre de consul par l'empereur romain d'Orient, Anastase Ier
.L'année suivante, Clovis
va toutefois plus loin et fait une entrée solennelle à Tours où il se fait acclamer comme Auguste,
titre réservé à l'empereur.
Il reste difficile de déterminer la profondeur de tous ces emprunts. Sans doute l'usage du vocabulaire
romain relève-t-il avant tout chez les Francs d'une stratégie de légitimation plutôt que d'une
véritable assimilation de l'abstraction romaine. Par exemple, l'un des principes essentiels de la
conception romaine repose sur la démarcation claire entre la fonction impériale et son titulaire.
Les prérogatives de l'empereur ne découlent que de sa fonction. Une telle construction est nécessairement
incompatible avec le caractère personnel du pouvoir mérovingien. De même, l'Empire
romain est juridiquement une res publica.Il n'appartient donc pas à l'empereur, qui doit
gouverner exclusivement dans l'intérêt de celui-ci. Ce fondement de la conception romaine est là
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