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L'ESSENTIEL DE L'HISTOIRE DES INSTITUTIONS
son décès en 814, c'est avant tout parce que Louis le Pieux est son unique successeur vivant. Cela
lui permet de récupérer la dignité impériale sans obstacle.
S'il parvient à maintenir l'unité du territoire, Louis le Pieux le fragilise en abandonnant l'idée d'un
Empire supérieur à l'Église. Couronné par son père en 813, Louis le Pieux se fait de nouveau
couronner par le pape en 816. Sur le plan politique, le nouvel empereur semble signifier que le
couronnement n'a de valeur que dans le cadre d'une intervention pontificale, ce à quoi s'était
opposé Charlemagne. Ce dernier s'était évertué à démontrer qu'il possédait l'auctoritas face à
l'Église, c'est-à-dire une puissance supérieure ; il en va autrement avec Louis le Pieux. En juin 829,
des évêques se réunissent lors d'un concile à Paris et reprennent la formule du pape Gélase : « Il y
a deux choses, empereur auguste, par lesquelles ce monde est principalement régi : l'auctoritas
consacrée des pontifes et la potestas royale ».
En 817, Louis le Pieux rédige un nouvel acte réglant la dévolution successorale avec l'Ordinatio
imperii (ordonnancement de l'Empire). Cette fois, le terme de divisio de 806 est abandonné et le
terme d'« empire » est préféré à celui de « royaume ». Ce qui semble indiquer une volonté de
l'empereur de renouer avec la tradition d'indivisibilité de l'État, logique de la res publica romaine.
L'acte prévoit que seul le fils aîné de l'empereur doit recevoir la dignité impériale à son décès, les
cadets héritant quant à eux d'une partie des royaumes qui composent l'Empire.
Finalement, ce sont les fils de Louis le Pieux qui anéantissent l'unité de l'Empire. Lothaire, l'aîné, doit
prendre la couronne impériale selon les vœux de son père, mais ses frères refusent cette primauté.
Ils se promettent une aide mutuelle en 842 par le biais du « serment de Strasbourg ». L'année
suivante, la signature du traité de Verdun vient officiellement disloquer l'Empire en trois parties :
la Francie occidentale àl'ouest, la Francie médiane au centre, la Francie orientale àl'est.
b) Les conséquences du traité de Verdun
Après le partage lié au traité de Verdun, l'histoire carolingienne n'est qu'un long dépérissement
jusqu'en 888 d'abord, date de l'alternance au pouvoir entre les Carolingiens et les Robertiens
(futurs Capétiens), jusqu'en 987 ensuite, lors du couronnement d'Hugues Capet qui consacre un
changement dynastique.
La division de l'empire carolingien entraîne un affaiblissement de l'autorité centrale et la fragmentation
du pouvoir dans les anciens territoires. À partir des années 840, l'insécurité augmente,
favorisée par l'instabilité politique. Les invasions normandes font des ravages sur le territoire et
Charles le Chauve (843-877) ne parvient pas à juguler ces raids, bien différents des manœuvres
militaires globales. Par ailleurs, la lutte avec ses frères pour le partage de l'Empire empêche le roi
de se concentrer pleinement sur la menace des pillages. Le phénomène aggrave une situation
économique déjà fragile et déstabilise les structures administratives et institutionnelles.

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