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L'ESSENTIEL DE L'HISTOIRE DES INSTITUTIONS
Bulgarus, Jacobus et Hugo) reconnaissent l'empereur germanique comme l'héritier des empereurs
romains, mettant alors le droit romain au service de Frédéric Barberousse.
Ce dernier doit pouvoir disposer de toutes les prérogatives énumérées dans les compilations de
Justinien. L'empereur germanique est donc le « dominus mundi » (maître du monde). Il détient
l'auctoritas (autorité politique et juridique suprême), tandis que les rois ne peuvent prétendre
qu'à une simple potestas. Par ailleurs, il est reconnu comme lex animata (loi vivante), pouvant
librement faire ou défaire les lois. Cette teinte romaine du pouvoir impérial trouvera son expression
la plus éclatante durant le règne de Frédéric II (1215-1250).
Pour autant, la théorie ne doit pas masquer une réalité bien plus modeste. Jamais l'empereur ne
parviendra à concrétiser sa vocation universelle. D'abord, les puissances occidentales sont peu
enclines à accepter cette prétention. Le roi de France saura le rappeler lors de la bataille de
Bouvines en 1214. Ensuite, le territoire impérial manque de cohésion, ce qui empêche l'empereur
de disposer d'une assise suffisamment solide et le contraint régulièrement à juguler des conflits
intérieurs. Par ailleurs, le principe électif et la place importante des principautés empêchent la
constitution d'un pouvoir impérial vigoureux. Lorsque celui-ci parvient à s'affranchir de ses limites
effectives, cela tient davantage à la personnalité de l'empereur qu'aux prérogatives qui lui sont
juridiquement reconnues.
■ L'Église
L'Église, qui cherche à restaurer son influence dans la société, intervient de façon croissante. À la
fin du X
e siècle, elle s'impose comme la grande régulatrice de la violence au sein du monde féodal.
Le siècle suivant, sous l'action de papes énergiques, elle se réforme et revendique sa suprématie.
a) La régulation de la violence
La société féodale se caractérise par la violence, liée notamment aux guerres privées entre
seigneurs. Le cycle de la guerre génère des dommages collatéraux importants. Les combats
n'impliquent pas seulement les guerriers. De nombreuses victimes sont des personnes inermes,
c'est-à-dire désarmées, sans défense (femmes, enfants, clercs, paysans, marchands).
L'Église s'élève rapidement contre ce phénomène qu'elle considère comme étant néfaste sur les
plans tant religieux qu'économique et social. Autour de l'an Mil, elle intervient vigoureusement
au sein de la société laïque pour circonscrire le phénomène. Schématiquement, trois outils seront
utilisés.
Dès la fin du X
e siècle, la Paix de Dieu apparaît dans le sud du royaume. Elle est proclamée au
cours d'une série de conciles dont le premier est le concile de Charroux en 989. La Paix de Dieu
est une institution destinée à protéger à tout moment les personnes inermes, ainsi que certains

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