Hors collection - Innovations financières et Réforme monétaire, ou comment sortir du piège de la dette - 179

L e s y s t è m e m o n é t a i r e ,
L e s e n j e u x
prête à admettre la réalité de son déclin industriel et de sa surconsommation
de produits importés, avec un dollar surévalué, porté par la domination
géopolitique des États-Unis. Par ailleurs, la comptabilisation des
dettes sociales résultant du vieillissement de la population n'était pas
politiquement correcte, car elle variait considérablement en fonction des
niveaux de vie et des systèmes de santé.
Il n'était pas, et ne pouvait pas faire partie des devoirs de quiconque,
d'une institution internationale ou d'une Banque centrale, de soulever
ces questions trop sensibles. Il faut un leadership fort pour rappeler aux
populations le poids des réalités économiques. Structurellement, il ne
peut pas exister et même s'il y avait eu un tel leadership et qu'il s'était
exprimé, il n'aurait pas été écouté.
Nous avons largement discuté, dans notre livre de 2010 sur la monnaie
virtuelle, du mécanisme par lequel la crise de 2008 a éclaté. Le fait est
que les négociations internationales des années 1970 se sont beaucoup
focalisées sur l'enjeu de l'inflation qui a caractérisé les décennies d'aprèsguerre,
pour ensuite disparaître pendant près de quatre décennies, avant
de revenir brutalement à la une de l'actualité ces deux dernières années.
Le sujet de la concurrence monétaire lié au privilège exorbitant du dollar,
avec l'absence de limite à son volume émis, reste à traiter, dans le cadre
d'un nouveau système international mieux équilibré. Les négociateurs
des décennies passées n'ont pas pris en compte ce qui allait venir ou
pourrait advenir suite à l'abandon des limites imposées par l'étalon-or. Il
n'était pas envisageable alors que la richesse puisse non seulement être
pondérée par les PIB exprimés en unités monétaires, mais puisse aussi
être vue à travers les échanges réels résultant de la production, du savoirfaire
et du contrôle des brevets ; aujourd'hui, en 2020, plus nombreux à
être déposés en Chine qu'aux États-Unis. En termes simples, on ne voyait
pas clairement quelles étaient les déformations de l'image par rapport à la
réalité de la domination monétaire, qui elle-même ne peut que traduire à
terme les dimensions industrielles, c'est-à-dire les volumes d'échange
résultant de la mondialisation. Il apparaît aujourd'hui comme un constat
sociologique que les sociétés, et plus particulièrement leurs institutions,
ne peuvent être réformées par elles-mêmes sans événements extérieurs. À
défaut de consensus, les pays ne peuvent que se replier sur eux-mêmes et,
pour ce faire, construire des barrières aux échanges. Le retour de l'inflation
consécutif à diverses pénuries liées à la guerre d'Ukraine et à un
mauvais ajustement international entre l'offre et la demande, crée un
nouvel environnement économique. La hausse des prix entraînera des
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