En poche - Histoire des institutions - 4e - 17

C'est au cours de l'année 496 que Clovis décide de se convertir au christianisme.
Cette conversion se traduit par son baptême et vient concrétiser la
synthèse entre le monde germain et le monde romain. Le christianisme
fera office de pont entre les deux mondes puisqu'après la chute de l'Empire
romain en 476, la seule institution qui reste debout et est rattachée à
Rome n'est autre que l'Église.
Ce baptême revêt une signification particulière, ce que Clovis n'ignore
pas : il est le premier roi germanique, donc barbare du point de vue romain,
à devenir roi chrétien. L'Église est désormais sous sa protection en terre
gauloise. Par cette conversion, l'Église entre de plain-pied sur la scène
politique : elle a maintenant un bras armé pour la protéger.
Pourquoi cette conversion ? Est-ce par simple foi ? Il semble plus vraisemblable
que ce soit par calcul politique : en ce temps-là, les évêques sont
les vrais détenteurs du pouvoir dans les cités. Les paysans les écoutent et
l'Église peut contribuer à donner une originalité et une unité au nouveau
royaume en se rattachant à Rome et au glorieux passé de l'Empire romain
tout en se démarquant des nombreux autres princes barbares.
Le royaume des Francs devient par conséquent unique. En outre, cela lui
permet de rallier les anciennes élites romaines ainsi que la population
gauloise qui compte de plus en plus de chrétiens.
LA NAISSANCE D'UNE QUERELLE DOCTRINALE
Le baptême de Clovis fait entrer le roi dans la foi catholique et une question
fondamentale se pose dans les rapports entre la royauté et l'Église. Pour
la première fois dans l'histoire franque se pose la question de savoir quelle
institution l'emporte sur l'autre, la monarchie ou l'Église ? Une querelle
doctrinale éclate. Ce baptême inaugure une ère nouvelle dans les rapports
entre le royaume des Francs et l'Église et l'influence réciproque de l'un sur
l'autre. Influence qui ne cessera que 1 400 ans plus tard lors de la loi de
1905 sur la séparation de l'Église et de l'État.
Selon la doctrine de l'évêque Rémi, puisque c'est le roi qui nomme les
évêques dans le royaume, ceux-ci lui doivent obéissance. À l'inverse, le
pape Gélase défend la thèse selon laquelle l'Église n'est soumise au roi
que tant que celui-ci ne prend pas de mesures allant à l'encontre des décisions
ecclésiastiques. Dans cette dernière conception, le pouvoir spirituel
(auctoritas) est supérieur au pouvoir temporel (potestas). Déterminer qui a
le pouvoir n'est pas chose évidente et contribue dès lors à créer de nombreuses
discordes.
UNE CONCEPTION PERSONNELLE DU POUVOIR
L'un des points de divergence fondamentale entre le monde romain et celui
des Francs tient à la conception du pouvoir. La notion de res publica, fondamental
à Rome, n'a pas cours dans la culture germanique. L'idée d'un
ordre juridique supérieur, d'une autorité publique supérieure, au gouvernant
n'existe pas.
La notion d'État est mise à mal et le principe du pouvoir politique repose
sur des bases personnelles. Dans la culture franque, le roi, choisi pour son
charisme, est entouré de ses compagnons, ceux qu'ils mènent victorieusement
au combat. C'est l'esprit du comitatus, de compagnonnage, chez
les Germains.
Les Mérovingiens
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