En poche - Histoire des institutions - 4e - 23

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Le haut moyen âge
et La féodaLité
À compter de 843, le pouvoir central n'en finit plus de se désagréger alors
que les éléments périphériques se renforcent. Le pouvoir de contrôle du
roi lui échappe de plus en plus, tout comme son autorité sur les comtes
qui, progressivement, font de leur comté des unités politiques à part entières.
Ceux-ci vont considérer que leur pouvoir est personnel et n'est pas
la chose de l'État. Alors que les comtes recevaient leur pouvoir en tant que
délégation du pouvoir du prince, ils vont estimer que cet honor leur appartient
en propre. La res publica est agonisante et ce sont les prémices de
la féodalité qui germent ici. Le centre du pouvoir, trop lointain, ne parvient
pas à résister à l'émiettement de la puissance publique qui se met en place
en périphérie.
L'ESSOR DES POUVOIRS LOCAUX
La déliquescence du pouvoir central favorise l'appropriation, par les potentes,
des prérogatives de puissance publique. La chose publique se perd
de vue et la constitution de réseaux vassaliques privés émerge.
En 843, Charles le Chauve, pour conserver l'appui de son royaume face
à ses frères avec lesquels il est en guerre, est contraint d'accorder des
faveurs aux grands lors de l'assemblée de Coulaines. Il promet à l'Église
de ne pas la dépouiller de ses biens pour en tirer des bénéfices et aux
seigneurs de ne pas leur retirer leur honor de manière arbitraire. Le nonrespect
de cette promesse, qui favorise l'hérédité des charges, aurait pour
conséquence de délier les sujets de leur serment de fidélité au roi.
La tendance à l'hérédité des fonctions est renforcée en 877 par l'adoption
du capitulaire de Quierzy-sur-Oise. Le roi y reconnaît l'hérédité de la
fonction comtale. Cette hérédité conduit à une véritable appropriation des
charges publiques, les comtes estimant être propriétaire de leur honor.
Une aristocratie puissante peut dès lors évoluer, certaine de conserver ses
prérogatives. Elle cherche à amplifier sa puissance économique ainsi que
sa puissance politique.
Un tel acte témoigne d'un affaiblissement véritable de la puissance royale.
Le roi ne peut plus se maintenir au pouvoir sans faire de concessions et
c'est dans le cadre de cette nouvelle réalité naissante que la féodalité se
met peu à peu en place. La féodalité est l'aboutissement du processus
de détérioration du pouvoir royal à la fin du premier millénaire.
À terme, le mouvement féodal en faveur des seigneurs va sonner le glas
de la puissance carolingienne. De nombreux territoires vont prendre une
importance considérable. La Bourgogne, l'Aquitaine ou encore la Normandie,
bien que parties intégrantes du royaume d'un point de vue juridique,
ont à leur tête un princeps. Il s'agit bien souvent d'un duc qui dispose d'un
pouvoir incontestable sur son territoire.
Une des preuves évidentes de la décadence du pouvoir central se
retrouve dans l'exercice du droit de ban qui est une prérogative royale
à l'origine, un symbole de l'autorité publique. Ce droit de ban, qui est le
Le Haut Moyen Âge et la féodalité
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