En poche - Histoire des institutions - 4e - 30

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L'absoLutisme
DISTINCTION FONDAMENTALE DU PRINCIPE :
POUVOIR JUSTE / POUVOIR INJUSTE
Le terme « monarchie absolue » est une idée apparue au lendemain de
la Révolution française. Les révolutionnaires y ont eu recours pour qualifier
l'exercice du pouvoir royal qu'ils veulent discréditer. Déprécier le pouvoir
antérieur est une formalité récurrente pour tout nouveau pouvoir qui
cherche à apparaître légitime.
La Révolution présente ainsi le pouvoir royal comme un pouvoir despotique,
exercé par un tyran. Cette idée commune, relayée dans une
large mesure, doit pourtant être nuancée et c'est la raison pour laquelle il
convient de revenir sur le concept de la res publica. Le pouvoir royal des
Capétiens s'est reconstruit progressivement au cours des siècles autour
de la notion de res publica. Il est impératif d'assimiler ce que représente
cette notion afin de ne pas verser dans le piège de l'amalgame en confondant
absolutisme et tyrannie.
La res publica se présente comme un espace juridiquement organisé à l'intérieur
duquel la règle juridique s'impose à chacun des acteurs, y compris
à celui qui l'édicte. En outre, celui qui exerce le pouvoir, en l'occurrence le
roi, n'est pas le propriétaire du pouvoir. Il n'est qu'un locataire temporaire
et ne peut en disposer comme bon lui semble. Enfin, la res publica est
l'expression d'une mentalité collective qui se reconnaît dans des valeurs
communes, dans un intérêt général. L'esprit de la res publica est l'exercice
d'un pouvoir juste, dans un cadre légal.
Ce rappel est nécessaire pour éviter toute forme de confusion entre l'absolutisme
et la tyrannie. Voici la distinction à faire de l'exercice du pouvoir
juste face à l'exercice du pouvoir injuste selon Aristote :
- le pouvoir juste est celui qui s'exerce dans l'intérêt collectif ;
- le pouvoir injuste est celui qui s'exerce dans l'intérêt de l'individu ou
du groupe d'individu au pouvoir.
La monarchie absolue des rois de France est un gouvernement dans lequel
le pouvoir est concentré entre les mains d'une seule personne, le roi,
mais un pouvoir qu'il exerce au nom de l'intérêt général, du coumin profit.
En ce sens, l'exercice des prérogatives royales au cours de l'absolutisme
est un exercice juste du pouvoir. Lorsque le roi n'agit pas conformément
à cet idéal, il faut y voir une défaillance humaine et non une dénaturation
du système qu'il incarne.
Dans le royaume de France, la logique de l'administration sous les Carolingiens
et après la théorisation du pouvoir royal au Bas Moyen Âge est de
servir la res publica. C'est une logique romaine qui sous-tend l'exercice
du pouvoir royal et permet au roi d'écarter les pouvoirs concurrents au
sien.
Au XVIe
siècle, Jean Bodin donne une définition de ce qu'est la monarchie
absolue (Les six livres de la République - 1576) : c'est une forme de gouvernement
où le gouvernant est dégagé de toute alliance avec une forme
aristocratique ou populaire de gouvernement.
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