En poche - Histoire des institutions - 4e - 45

Ces lois d'une grande importance, aujourd'hui évoquées en tant que Principes
Fondamentaux Reconnus par les Lois de la République, s'accompagnent
également d'une intense activité législative d'amélioration des
conditions de travail : loi sur le travail des femmes et enfants (1882), sur la
protection sociale des ouvriers (1898), sur le repos hebdomadaire obligatoire
(1906), sur le droit à la retraite pour les ouvriers et paysans (1910), sur
la journée de travail à 10 heures (1904) puis à 8 heures (1919), ou encore
sur les célèbres accords de Matignon (1936, comprenant entre autres la
semaine de 40 heures ou l'instauration des premiers congés payés).
Enfin, la famille est également touchée par cette vague législative. Le
divorce, abrogé sous la Restauration, est rétabli en 1884. Dans le même
temps, c'est l'école qui voit son rôle grandir : les lois Ferry la rendent gratuite
(1881), puis obligatoire et laïque (1882).
LES GRANDES AFFAIRES POLITIQUES FACE
AUX INSTITUTIONS
Alors qu'elle s'est construite sur une crise, la IIIe République voit à plusieurs
reprises ses institutions trembler face à des événements qui fragilisent
sa légitimité. En 1887, le scandale des décorations, un trafic
de distinctions militaires, implique le gendre de Jules Grévy et va jusqu'à
contraindre ce dernier à démissionner. La même année, l'affaire Schnæbelé
est un incident diplomatique aggravant les tensions entre la France
et l'Allemagne. En 1892, le scandale de Panama touche de grands industriels
et politiciens français dont la corruption affecte des dizaines de milliers
d'épargnants. On peut également citer l'affaire Stavisky (1934), qui
mêle émission de faux bons au porteur et corruption dans les milieux de la
politique, de la presse et de la justice.
Deux affaires à la portée exceptionnelle vont profondément entacher la
IIIe
République. La première est la crise du boulangisme (1885-1889),
mouvement politique qui tire son nom du général Boulanger. En 1885, les
élections font la part belle aux extrêmes : la trop grande instabilité gouvernementale
use la population, qui se réfugie dans l'antiparlementarisme.
Boulanger concentre alors derrière lui tous ces mécontents : républicains
lassés de la corruption, monarchistes, nationalistes voulant en découdre
avec l'Allemagne... Rassemblant de l'extrême droite à l'extrême gauche,
il se fait élire dans plusieurs circonscriptions, mais refuse de se livrer à un
coup d'État comme le suggèrent certains de ses amis. Menacé d'être traduit
devant la Haute Cour pour atteinte à la sûreté de l'État, il fuit la France
et se suicide en 1891. La République sort alors renforcée de ce conflit, en
ayant su tenir la barre face à la coalition de ses ennemis.
L'autre crise majeure de l'époque est l'affaire Dreyfus. Capitaine de
l'armée française, il est accusé à tort en 1894 d'espionnage au profit de
l'Allemagne et est déporté en Guyane. De nombreuses personnalités se
rangent du côté de sa famille et clament son innocence, c'est le cas de
Zola et son célèbre J'accuse... ! publié dans L'Aurore, le journal de Clemenceau.
C'est un déchaînement de passions entre dreyfusards, réclamant
la vérité, et anti-dreyfusards prônant la raison d'État et protégeant
l'armée pourtant coupable. En 1899, Dreyfus est condamné à 10 ans de
détention à la suite de la révision de son procès. Gracié par le président de
la République, il est réintégré dans l'armée et participe à la Grande Guerre.
Ici encore, la République a vacillé sans rompre et la haine ayant divisé les
Français n'a pas eu raison de ses institutions.
L'enracinement de la IIIe
République
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