En poche - Libertés et droits fondamentaux - 6e - 7

face à Dieu. L'homme devient individuellement responsable devant Dieu. En
troisième lieu, la chrétienté provoque une réflexion sur la limitation du pouvoir
temporel au nom d'un droit naturel car dérivé de la volonté divine. Ainsi, au
xiiie
s'il facilite les finalités chrétiennes.
Les Lumières
Le xviiie
siècle, Thomas d'Aquin avance l'idée que le pouvoir n'est respectable que
siècle est celui de la modernité politique. Les réflexions sur le pouvoir
et sur l'existence de droits de l'Homme sont particulièrement riches et
ne se satisfont plus des ressorts de la morale chrétienne. En dépit de leurs
divergences théoriques, les philosophes des Lumières partagent la croyance
dans la raison, le progrès et la tolérance. Parmi les plus illustres, on citera
Montesquieu (la séparation des pouvoirs), Voltaire (la tolérance), Diderot (le
pouvoir et la liberté), D'Alembert, Rousseau et, de l'autre côté du Rhin, Kant
(la raison et la dignité humaine). Tous ces penseurs sont à la recherche d'une
forme de gouvernement susceptible d'endiguer la tentation de l'arbitraire
voire, pour Rousseau, de la réalisation d'une égalité démocratique. Ils préconisent
tous une organisation politique orientée vers la modération du pouvoir
et la garantie des libertés individuelles. La liberté doit être la règle.
La contribution des philosophes des Lumières a été déterminante pour la
réflexion sur la liberté et l'égalité, mais aussi pour leur concrétisation dont
la première étape fut la déclaration de « droits inaliénables et sacrés » à la
Révolution française.
La pensée libérale
La pensée libérale s'épanouit au xixe
siècle en Europe et aux États-Unis et se
décline dans les disciplines économiques et juridiques. Benjamin Constant
résume : « J'ai défendu quarante ans le même principe, liberté en tout, en
religion, en philosophie, en littérature, en industrie et en politique : et
par liberté, j'entends le triomphe de l'individualité, tant sur l'autorité qui voudrait
gouverner par le despotisme, que sur les masses qui réclament le droit
d'asservir la minorité à la majorité » (in Mélanges de littérature et de politique,
1829).
Les libéraux se caractérisent par leur focalisation sur les garanties des
libertés, non seulement, comme pour leurs prédécesseurs des Lumières, par
le biais de la forme de gouvernement, mais aussi, voire surtout, par la mise en
place de régimes et de mécanismes juridiques. Proclamer des droits apparaît
désormais insuffisant. Les réflexions sur ces garanties émergent à l'Est, en
particulier à propos de l'État de droit (avec Kelsen).
Parmi toutes les branches dont le libéralisme va s'inspirer - individualisme
libéral de Germaine de Staël, utilitarisme libéral de Jeremy Bentham, libéralisme
humanitaire de John Stuart Mill, fédéralisme des Américains - il faut
mentionner l'effort magistral d'Alexis de Tocqueville pour concilier, d'une part,
la passion égalitaire de l'homme véhiculée par une inéluctable démocratisation
des régimes, et, d'autre part, la nécessité de maintenir la liberté afin
que l'individu ne soit pas asservi par le nombre.
La pensée socialiste
Le courant socialiste apparaît en plein cœur du xixe
siècle. Lui aussi se décline
en plusieurs écoles (socialisme réformiste de Saint-Simon, socialisme utopique
de Charles Fourier, Étienne Cabet ou Pierre-Joseph Proudhon, et, bien
entendu, socialisme scientifique de Friedrich Engels et Karl Marx). Le courant
socialiste propose une plus grande justice sociale qui se traduit par un
recentrage des préoccupations sur les droits économiques et sociaux
plutôt que sur les droits civils et politiques qui ne profitent qu'aux plus nantis
et accentuent les inégalités. Les socialistes exigent une action de l'État afin
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