Mémentos - Introduction historique au droit - 12e - 30

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MÉMENTOS - INTRODUCTION HISTORIQUE AU DROIT
B - La conception du droit par les hommes
Jusqu'à la période de la démocratie athénienne, la loi reste un droit révélé des dieux et
la justice n'est que l'expression de la volonté de Thémis. Seulement, le libre arbitre
humain est déjà possible car l'homme a le sentiment de ce qui est juste et de ce qui est
injuste, ce qui le distingue des autres espèces animales. La droite justice reste marquée
par l'idée de conformité aux volontés divines comme à la volonté de prospérité partagée
de tous.
C'est véritablement au V
e siècle av. J.-C. la mise en place de la démocratie athénienne qui
fait échapper définitivement la loi aux volontés divines. Dès lors, la loi constitue l'expression
desvolontéshumainesdansla formulation d'une réalité sociale, où le discernement du juste
ou de l'injuste s'appuie sur la raison des individus. Le bien des hommes, pensé et conceptualisé
par eux, sert désormais d'horizon aux législateurs bien plus que la volonté divine. Les
philosophes vont dès lors se charger de définir les finalités et les caractéristiques qu'ils attribuent
à la règle de droit. Deux grandes écoles de pensée se dégagent sur cette réflexion :
- d'abord, les sophistes comme Protagoras ou Antiphon, défenseurs de la sophia,la
sagesse, sont des rationalistes qui défendent l'idée que la justice, détachée des
dieux, est à la mesure de l'homme, relative et changeante dans l'espace et le temps.
La frontière entre le juste et l'injuste ne dépend pas de la nature mais de l'usage,
des conventions sociales dont sont exclus les dieux. De ce fait, la loi ne consacre
aucune valeur éternelle mais est contingente. Ce qui est juste se confond avec ce
qui est licite. Ce qui est licite est ce qui est conforme à la volonté du plus grand
nombre qui vote la loi de façon éclairée. Cette adhésion du plus grand nombre
rend la loi obligatoire, son contenu impartial.
Mais comme œuvre des hommes, la loi est imparfaite et ne peut satisfaire l'intérêt
de tous. Soulignant la loi universelle de la nature selon laquelle l'intérêt du fort
l'emporte toujours sur celui du faible selon Thrasymarque, ou bien que la loi est
l'expression du plus grand nombre des faibles selon Calliclès, les sophistes concluent
que l'irrespect de la loi par le fort constitue une nécessité profitable et juste ;
- en opposition, Socrate et ses disciples au IV siècle défendent l'idée que l'homme, ne
e
pouvant vivre isolément, a besoin de lois pour vivre en société et que le respect de
celles-ci est un gage de stabilité de la société. L'obéissance à la loi est dès lors
conforme à la nature et Socrate place dans le dikaion, principe de justice, l'idéal de
la loi, idéal que chacun peut discerner par introspection personnelle. Platon et Aristote
vont prolonger sa réflexion :
* Platon ne remet pas fondamentalement en cause la pensée de Socrate mais
restreint l'exercice des compétences législatives et judiciaires aux plus compétents
à ses yeux des individus.
Dans sa République, le bon gouvernement ne peut être le fait que de quelquesuns,
les plus éminents pour élaborer la loi, et si celle-ci vise au bonheur de ceux
qui en sont les plus dignes, sa stabilité est un gage de l'ordre social. Dans l'organisation
de l'État, ce sont les philosophes dont la sagesse est supérieure qui,
reliant la connaissance de l'humain et du divin, doivent se voir reconnaître la capacité
de gouverner et d'élaborer la loi. La justice également doit être confiée aux
plus âgés et compétents des sages dont le jugement a plus de chance d'être
proche de la justice des dieux.
Conciliation de l'autorité et de la justice, gouvernement des plus compétents, loi

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