Mémentos - Introduction générale au droit - 18e - 73

CHAPITRE 2 - La compréhension de la règle de droit
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transformations de la société déterminent l'évolution du droit. Le droit est à la fois
phénomène social en soi et créateur des phénomènes sociaux par le cadre qu'il
impose. Il est en quelque sorte sujet et acteur. Cette duplicité peut être facilement
dépassée. Au contraire, le droit entend faire de la sociologie juridique un instrument
au service de son perfectionnement. La sociologie et le droit se servent réciproquement
l'un de l'autre comme instrument d'étude ou d'achèvement.
b) L'utilitarisme
136. La prise en considération des faits sociaux prend également un aspect utilitariste.
L'origine de ce mouvement se trouve dans l'utilitarisme de Bentham (1748-1832).
Les utilitaristes considèrent que l'ordre social doit répondre à la recherche du plaisir ;
le principe unique de cette philosophie est la maximisation des plaisirs du plus grand
nombre dans le groupe social. Du coup « l'art juridique est annexé dans l'économie
politique, sous la dictature de l'utile »39
. Aux États-Unis, le mouvement de l'analyse
économique a connu un franc succès et assure une évaluation économique du droit.
c) La vision marxiste du droit
137. La conception marxiste du droit est inclassable dans la mesure où le marxisme nie
la problématique juridique en postulant la disparition du droit. Outre ce dépérissement
programmé, Marx (1818-1883) explique le droit par les seuls rapports de force : il est
l'expression d'une superstructure de la réalité économique40
. Le droit est un élément
de contrainte utilisé par la classe dominante sur la classe dominée. Cette situation est
remise en cause lorsque la collectivité s'approprie les moyens de production. Le socialisme
se met alors en place, il assure, en se servant du droit qui assure une fonction
éducatrice, la dictature du prolétariat pour faire définitivement évoluer la société.
Cette période socialiste est transitoire car une fois les oppositions balayées et les
mentalités acquises au communisme, le droit dépérira car il n'aura plus lieu d'être. En
réalité, le droit même dans les pays socialistes n'a jamais disparu.
138. Une des caractéristiques majeures du positivisme reste sans doute sa grande
variété. Pourtant un point commun se dégage de ces courants : l'obsession de la
« scientificité » et avec elle celle de l'analyse, de l'antimétaphysique et de l'étude du
langage. L'ensemble des mouvements positivistes n'a pas voulu répondre à la question
du fondement ou de la finalité ultime du droit. Cette dernière est écartée pour être de
la science du droit comprise au sens strict. En restant repliés sur le seul droit, ces
courants peuvent sembler insatisfaisants dans la mesure où ils se contentent de justifications
relatives et changeantes. Or la quête des valeurs ne s'est jamais tarie. Bien au
contraire, les défis que lancent les sciences « dures » au droit, notamment à travers les
biotechnologies, posent à nouveau la question du fondement du droit. La recherche
des valeurs et de la finalité du droit reste d'actualité. En n'y répondant pas, le positivisme
laisse le droit varier au gré des forces sociales, scientifiques ou économiques en
place sans poser de limites ne serait-ce qu'éthiques. Il résulte deux conséquences de
cet état de fait : la première réside dans une impression de désordre contradictoire
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39. Villey M., Leçon d'histoire de philosophie du droit, p. 73.
40. Vincent J.-M., « Droit naturel et marxisme moderne », Arch. ph. dr. 1965, t. 10, p. 65.

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