Hors collection - Droit de l'intelligence artificielle - 1re - 116

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DROIT DE L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
En faisant progresser la réflexion sur ces sujets, les professionnels du droit pourront éclairer la prise de
décision publique pour que les évolutions en cours soient maîtrisées.
D. L'usage de l'IA par les avocats
L'intelligence artificielle (IA) bouscule le secteur juridique et son usage par les avocats suscite quelques
débats54
. Certains auteurs annoncent même que l'IA remplacera les avocats demain, tandis que
d'autres pensent qu'elle ne fera que les transformer.
Les SIA peuvent désormais automatiser de nombreuses tâches qui étaient auparavant effectuées par
des avocats, telles que l'analyse de données, la recherche jurisprudentielle et la rédaction de
documents.
Les conséquences économiques de l'introduction de l'IA dans les cabinets d'avocats sont indéniables.
Des solutions à base d'IA, une fois matures, vont permettre aux cabinets de réduire leurs coûts en
automatisant les tâches répétitives telles que la recherche juridique et la rédaction de documents, qui
prennent traditionnellement beaucoup de temps. Éliminer ainsi les tâches manuelles à faible valeur
ajoutée améliorera l'efficacité des avocats, leur permettra de traiter davantage de dossiers et de
proposer ainsi des services à des tarifs plus compétitifs. Les systèmes d'IA capables de fournir des
textes basés sur l'analyse de grandes quantités de données vantent leur capacité à donner un accès au
droit à toutes les catégories de justiciables.
L'intégration de l'IA dans le domaine juridique représente un défi majeur pour les avocats, transformant
radicalement une profession autrefois dominée par les bibliothèques papier et les recherches
manuelles. Avec l'avènement du numérique, les bases de données en ligne ont déjà optimisé les
processus de recherche et posé les bases pour des solutions d'IA plus avancées. L'adoption de l'IA est
impérative pour que les cabinets français restent compétitifs sur la scène mondiale.
L'IA se manifeste sous deux formes principales dans le paysage juridique actuel, comme assistant et
« concurrent » :
- les assistants IA, tels que Doctrine, Predictice, Replick et Legalpha, augmentent la productivité
des avocats sans remplacer le jugement humain. Ils aident à la recherche de jurisprudences, à la
rédaction de documents et à la préparation de dossiers ;
- en revanche les SIA, comme LegiGPT, Legalstart et Captain Contrat, automatisent des aspects
plus complexes de la pratique juridique, allant parfois jusqu'à concurrencer les rôles traditionnels
des avocats et proposer des tarifs moindres pour des prestations comparables.
L'intégration de l'IA pourrait redéfinir le rôle des stagiaires et des avocats juniors, par l'automatisation
de certaines tâches55
. Cela pourrait même diminuer globalement les besoins en main-d'œuvre. L'usage
de l'IA pourrait également affecter la qualité du travail juridique produit et creuser le fossé entre les
grands cabinets et les petites structures.
Le remplacement des avocats par des robots ne semble pas réaliste dans l'immédiat. En effet, les algorithmes
traitent un grand nombre d'informations mais ne disposent pas des qualités humaines telles
que l'empathie, la créativité et l'écoute. Le décret du 30 juin 2023 portant Code de déontologie des
54. Claisse J.-P., « L'impact de l'IA sur la pratique des avocats en France », Revue de Droit des Technologies de l'Information,
2022.
55. Gallice T., « L'intelligence artificielle dans le droit : révolution ou défi pour les cabinets d'avocats », Village de la Justice,
juin 2024.

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