114 MÉMENTOS - THÉORIE DES ORGANISATIONS aptes à survivre. L'organisation dépend de son environnement pour sa subsistance ce qui contraint et forme sa structure. Sans nier le phénomène d'adaptation à l'environnement, l'écologie des populations met l'accent sur les contraintes que l'environnement fait peser sur les organisations et sur leurs faibles marges de manœuvre. Les chercheurs en écologie des populations ne retiennent pas l'organisation comme unité d'analyse, mais une population d'organisations. Une population d'organisations regroupe des organisations qui ont une activité similaire et utilisent leurs ressources de façon comparable. Leur point commun est de connaître le même sort face à des variations de l'environnement : elles présentent donc la même vulnérabilité à l'environnement. Les changements démographiques au sein des populations d'organisation sont étudiés (entrées et sorties au sein d'une population). Les causes de la survie ou de l'échec d'une organisation sont recherchées dans l'environnement. L'écologie des populations cherche à comprendre les distributions d'organisations à travers les états de l'environnement et les limites qui s'imposent aux structures organisationnelles dans différents environnements. Du fait de multiples pressions internes et externes (voir tableau), les organisations connaissent une certaine inertie structurelle. Ces contraintes rendent le changement organisationnel difficile. Les contraintes pesant sur les organisations Pressions internes - Lescoûts enfouis(sunk costs) : investissements réalisés rendant difficile un transfert vers d'autres tâches ou fonctions. - Information restreinte et déformée des décideurs sur l'environnement. - Les contraintes de politique interne : la résistance des sous-unités aux restructurations qui engendre des coûts de réorganisation. - Contraintes issues de l'histoire : accords plus ou moins formalisés sur les procédures ou l'attribution des tâches qui sont difficiles à changer. Pressions externes - Barrières juridiques et fiscales qui s'opposent à l'entrée ou sortie des marchés ou activités. - Coût et difficulté de collecte d'informations sur les activités et marchés alternatifs. - Contraintes de légitimité vis-à-vis de l'environnement : la légitimité est un atout, mais qui restreint les possibilités d'action. - Rationalité collective : une décision satisfaisante pour une organisation peut être catastrophique si toutes les organisations l'adoptent en même temps. Face à ces deux ensembles de contraintes, l'optique théorique dominante de l'adaptation de l'organisation à l'environnement par choix stratégique semble irréaliste et en tout cas n'est pas suffisante pour expliquer le comportement des organisations. b) L'évolution des organisations L'écologie des populations offre une explication à la diversité des formes d'organisation. Cette dernière s'explique par la diversité des environnements. À l'équilibre, une forme d'organisation va correspondre à chaque configuration de l'environnement et lui être adaptée de façon optimale ; on parle d'isomorphisme. Ce principe d'isomorphisme est cependant tempéré par deux éléments : - le mécanisme par lequel l'équilibre est atteint :l'isomorphisme résulte soit de l'adaptation par apprentissage (les décideurs apprennent les réponses optimales et ajustent le comportement de l'organisation), soit par la sélection (cette sélection