Mémentos - Théorie des organisations - 7e - 192

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MÉMENTOS - THÉORIE DES ORGANISATIONS
La déconstruction s'entend comme une pratique d'analyse textuelle, qui ne se veut ni
une méthode, ni un dispositif philosophique. Cette pratique décortique tout type
d'écrits afin de révéler des décalages et confusions de sens, en se focalisant sur les
sous-entendus et les omissions dévoilées par le texte lui-même. Cette méthode vise à
dénoncer les illusions de référentialité du langage et du caractère contrôlable du sens
et ainsi à susciter de nouvelles interprétations des textes. La signification d'un texte
donné est le résultat de la différence entre les mots employés, plutôt que de la référence
aux choses qu'ils représentent. Il s'agit d'une différence active, qui travaille en creux le
sens de chacun des mots qu'elle oppose. Derrida s'intéresse aux couples d'oppositions
(parole/écriture dans la linguistique, raison/folie dans la psychanalyse, sens propre/sens
figuré dans la littérature, masculin/féminin dans la théorie des genres)...
Derrida nomme ce processus différance avec un -a. La différance combine l'idée de
« différence » et le participe présent du verbe « différer » : « différant ». La différance est
le mouvement « producteur» de ces différences, le " processus " par lequel les
concepts changent, une forme d'auto-référence où chaque terme contient son opposé
et interdit ainsi toute saisie particulière de son sens. En privilégiant une signification
plutôt qu'une autre, on diffère, en mettant à la marge l'autre signification alors que
celle-ci est nécessaire à la complétude de l'autre et refait surface, rendant toute distinction
impossible. Ce mouvement continu et autonome rend le langage « indécidable »,
fondamentalement indéterminé. Cette approche du langage amène Derrida à reconsidérer
nos représentations du monde et de la pensée. Si l'agent humain est « écrit » par
l'écriture, il est par conséquent également animé par le doute intrinsèque à la différance
que ce processus implique.
Rouleau (2007) recense des travaux en théorie des organisations qui s'appuient sur la
déconstruction derridienne (voir tableau).
Auteurs
Steingard et Fitzgibbons
(1993)
Chung, Jenkel et McLarney
(2001)
Kildruff (1993)
Thèmes de recherche
Déconstruction de l'expression « gestion de la qualité totale »
Déconstruction d'un article sur l'identité organisationnelle
Déconstruction du livre de March et Simon sur les organisations et la
prise de décision
3) Lyotard et la fin des grands récits
À la suite de la publication de La Condition postmoderne (1979) de Lyotard, le postmodernisme
devient un sujet de débat en philosophie. Lyotard critique les pensées « totalisantes
» (le structuralisme, la phénoménologie et le marxisme) et affirme son « incrédulité
» face aux « grands récits » de la modernité. Il remet en question le grand récit qui,
depuis le siècle des Lumières, fait de l'histoire de l'humanité un long chemin vers l'émancipation
et juge la science, la politique et les arts en fonction de leur contribution au
progrès. La postmodernité est le constat de l'éclatement de ce récit. Lyotard déclare en
introduction à La Condition postmoderne que : « en simplifiant à l'extrême, on tient
pour " postmoderne " l'incrédulité à l'égard des métarécits ».
Lyotard (1984) s'appuie notamment sur la notion derridienne de différance pour
démanteler les grands récits de la modernité et l'unité qu'ils présupposent. À l'âge

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