Mémentos - Droit pénal général - 19e - 27

INTRODUCTION
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Par un tel assujettissement, on en arrive souvent à confondre les données « officielles »
et la réalité de la criminalité - voire à confondre « délinquance » et « sentiment d'insécurité
». Témoin l'intitulé de la page d'accueil du site internet du ministère de l'Intérieur
liée aux statistiques : « Interstats, des statistiques publiques sur l'insécurité et la délinquance
». Si l'on n'y prenait garde, on aurait trop vite fait d'attendre de ces statistiques
des règles de conduite et de comportement. Se forge peu à peu une certaine culture
avons-nous écrit en ouverture de cet ouvrage. La prudence est donc de mise. C'est un
lieu commun, pour l'opinion publique, les statistiques « annoncent » que la criminalité
augmente. Le nombre des vols est en pleine inflation et que dire de celui des agressions.
Il n'est pas bon de sortir la nuit... ou alors à ses risques et périls. Le décor est posé, le
sentiment d'insécurité est au rendez-vous.
Exemple
L'humoriste Pierre Desproges, sous sa plume acerbe, ne manque pas de relever cette situation
: « Les rues de Paris ne sont plus sûres, les Arabes n'osent plus sortir tous seuls le soir.
Tenez, mon nouvel épicier, M. Rachid Cherquaoui s'est fait agresser la nuit dernière dans
le XVIIIe
. » Provocation, caricature, le sketch qui poursuit sur le même thème fait sourire
et semble refléter l'état des lieux. Pourtant, dans le même temps, le plus grand nombre
d'entre nous observe qu'il ne se passe pas grand-chose d'extraordinairement nouveau.
Àl'évidence, le « Politique » joue parfois ici une partition bien délicate. À mettre en
avant la délinquance pour faciliter telle ou telle mise en forme de texte ou telle ou telle
pratique, le schéma finit nécessairement par se retourner. Il deviendra bien délicat, le
temps passant, d'expliquer que malgré les efforts déployés le constat reste le même et
que la délinquance est toujours au rendez-vous. La légitimité du pouvoir risquera alors
d'être sérieusement contestée.
B - Complément d'informations
Il est rapporté que les premières données statistiques sur la délinquance recensaient les
condamnations pour les crimes prononcés par le Parlement de Paris entre 1775 et 1786.
Les données reposaient sur la nature et le lieu de l'infraction mais aussi sur l'âge, le sexe
et la profession des condamnés.
Quelques années plus tard, à partir de 1827, fut mis en forme le premier compte général
de l'administration de la justice criminelle. C'est à partir de cette année que la production
de statistiques sur la délinquance est devenue régulière en s'appuyant exclusivement
sur des données judiciaires. Dans les années 1930, l'idée prit forme que la
mesure de la délinquance serait plus juste si elle pouvait s'appuyer sur les enregistrements
fournis par les forces de sécurité, autrement dit par les forces de police ou de
gendarmerie. À partir des années 1970, la statistique pénale va s'appuyer sur les
données de la police nationale et de la gendarmerie nationale pour décrire l'évolution
de la délinquance.

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