Mémentos - Les institutions de la Ve République - 17e - 91

CHAPITRE 4 - Les rapports entre les deux têtes de l'exécutif
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de la République et le Premier ministre ».
Jacques Chirac, 16 juin 1975 : « La majorité a un chef naturel et un seul, c'est le président de
la République. [...] À partir de là, le rôle du Premier ministre est un rôle de coordination ».
Pierre Mauroy, 7 juin 1981 : « Notre tâche, au gouvernement, consiste à mettre en œuvre les
orientations présidentielles. La répartition des rôles est donc claire. L'un montre la voie, l'autre
fraie le chemin ».
François Fillon, 4 juillet 2007 : «Ma mission, aujourd'hui, c'est une mission de maître
d'œuvre, c'est-à-dire de mise en œuvre des engagements du président de la République
choisi par les Français [...] quand il y a une sorte de compétition qui s'instaure entre le Premier
ministre et le président de la République, cela ne peut conduire qu'à une certaine incapacité à
conduire les réformes ».
Édouard Philippe, 4 juillet 2017, déclaration de politique générale : « Le Président nous a
montré le cap. Ce cap est clair, il doit être tenu ».
Le Premier ministre fait ainsi figure, selon les cas, de partenaire, de lieutenant, d'intendant,
voire de subordonné du chef de l'État. Ces rapports ne sont pas ceux qui étaient
prévus par le texte constitutionnel : la relecture des articles 5 et 20 de la Constitution
permet de s'en convaincre.
B - Les hypothèses de cohabitation et le repli du chef
de l'État sur sa fonction d'arbitre
108. À trois reprises, sous la Ve
République, la majorité parlementaire issue des élections
législatives divergea politiquement de la majorité présidentielle. Le président de
la République se trouvant contraint de nommer un gouvernement bénéficiant de la
confiance de la majorité parlementaire, il dut également choisir un Premier ministre
issu du camp adverse. Cette situation exceptionnelle - appelée communément « cohabitation
» - conduisit logiquement à un profond réaménagement des rapports de
force entre les deux têtes de l'exécutif et, paradoxalement, à un retour à la lettre de
la Constitution.
1) Le Président, arbitre du jeu institutionnel
109. En janvier 1978, à l'approche d'élections législatives qu'il craignait de perdre, le
président de la République Valéry Giscard d'Estaing, excluant de démissionner, avait
redessiné les contours de la fonction présidentielle dans la perspective d'une éventuelle
cohabitation (discours de Verdun-sur-le-Doubs). Il avait admis que le chef de l'État
n'aurait pas, dans une telle hypothèse, les moyens constitutionnels de s'opposer à la
mise en œuvre du programme politique du gouvernement (envisageant même de se
retirer au château de Rambouillet). Néanmoins, il revendiquait un droit à la parole,
en tant qu'arbitre et responsable des intérêts supérieurs de la Nation. Cette position
fut globalement partagée par les deux Présidents qui eurent, par la suite, à faire
face réellement à cette situation.
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