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L'ESSENTIEL DES RELATIONS INTERNATIONALES
Serbie de M. Milosevic représentait un facteur important de déstabilisation régionale qu'Américains
et Européens ne pouvaient plus tolérer. Au Timor, ces considérations étaient inopérantes puisque
la plupart des pays asiatiques étaient réticents à l'envoi d'une force multinationale sous commandement
australien, l'Asie ne disposant pas d'une organisation de sécurité collective comparable à
l'OTAN. En outre, l'Indonésie est un pays indispensable à la stabilité de la zone sur les plans démographique,
militaire et stratégique (il ne faut pas oublier qu'elle contrôle plusieurs détroits par
lesquels transite une part importante du commerce mondial). Cet État, depuis la guerre froide,
est un allié fidèle des États-Unis qui ne sont pas insensibles aux risques de désagrégation d'un
archipel de 270 millions d'habitants. En conséquence, au Timor-Leste, l'ONU retrouva son rôle
principal en matière de maintien de la paix. Il conditionna son intervention (réalisée par le biais
d'une force multinationale dirigée par l'Australie, pays ayant reconnu l'annexion de ce territoire
par l'Indonésie dès 1978 même si l'ONU n'avait, elle, jamais fait de même) à l'accord de
l'Indonésie.
En 2003, l'ONU ne donne pas son aval à l'entrée en guerre contre l'Irak et le précédent moral
invoqué en fin de processus par les États-Unis, qui se référaient au devoir d'ingérence humanitaire
pour renverser la dictature de Saddam Hussein et protéger la population irakienne, apparaît clairement
spécieux. Au-delà de l'aspect juridique, à la différence des exemples kosovar et timorais,
l'intervention en Irak comportait des risques réels de déstabilisation aggravés par l'absence d'un
projet consensuel de sortie de crise élaboré par la société internationale. Malgré la mise en place
d'un gouvernement intérimaire reconnu par l'ONU dans la Résolution 1546 du 8 juin 2004 du
Conseil de sécurité puis la tenue d'élections démocratiques, l'établissement d'un gouvernement
d'unité nationale ainsi que l'exécution de Saddam Hussein et des principaux dirigeants baasistes
de l'ancien régime, les actes de violence n'ont pas cessé depuis 2005.
La crise géorgienne de l'été 2008 constitue un autre exemple intéressant. Prenant prétexte d'une
opération armée géorgienne en vue de reconquérir une souveraineté effective sur l'Abkhazie et
l'Ossétie du Sud, deux régions faisant partie du nouvel État géorgien depuis son indépendance
de l'ex-URSS en 1991, la Russie a procédé à une intervention militaire dans ces régions en
août 2008. Elle a rejeté toute intervention des Nations Unies et sous couvert de reconnaissance
de l'indépendance de ces deux entités territoriales, elle a procédé à une annexion de facto de ces
deux régions séparatistes (l'on remarquera que le même mode opératoire a été suivi en Ukraine
en 2022). Cette intervention russe répondait à un double objectif : d'une part, retrouver un
certain leadership dans le Caucase en envoyant un message de fermeté aux anciennes républiques
de l'URSS, parfois moins coopératives que par le passé ; d'autre part, faire payer aux Occidentaux
leur soutien à l'indépendance unilatérale du Kosovo, que Vladimir Poutine considérait comme un
précédent fâcheux. Le parallèle entre le Kosovo et la Géorgie met ainsi en lumière deux conceptions
antagonistes des relations internationales : d'un côté, la volonté occidentale, parfois
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