Les Carrés Rouge - L'essentiel des relations internationales - 13e - 162

160
L'ESSENTIEL DES RELATIONS INTERNATIONALES
souvent de l'avance sur les mesures de lutte édictées. L'Union européenne tente néanmoins de
s'adapter : le Conseil de l'UE a adopté le 30 mai 2024 de nouvelles règles plus strictes de lutte
contre le blanchiment de capitaux et créé une autorité européenne spécialisée basée à Francfort
pour coordonner le travail des différents acteurs nationaux et européens en la matière.
Un projet de réforme du GAFI est aussi à l'étude afin de lui conférer un véritable statut juridique
et des pouvoirs supplémentaires dans la lutte contre le blanchiment d'argent. Cependant, la
globalisation et l'internationalisation des activités mafieuses forment, l'une et l'autre, les deux
faces d'un monde où les États peinent à rester les acteurs principaux, sinon exclusifs, des relations
internationales. Les attentats du 11 septembre 2001, les crises financières systémiques, la gestion
du Covid-19 et le retour du spectre de la guerre en Europe ont prouvé que les véritables acteurs
publics restent les pouvoirs étatiques nationaux dotés de vraies monnaies convertibles et d'institutions
régaliennes solides. La gestion de la crise sanitaire, financière et économique actuelle en est
l'illustration la plus éclatante. La globalisation n'implique donc pas le retrait de l'État mais réclame
plutôt son renforcement, voire sa construction.
Nous vivons en outre une période intermédiaire où le temps de l'hégémonie occidentale, et plus
particulièrement américaine, s'estompe rapidement alors que celui des pays émergents (BRICS
notamment) se profile : ces derniers ne représentaient pas moins de 25% des exportations
mondiales, et 30% du PIB mondial en 2023. Le nouveau paradigme s'établit donc entre pays
développés et pays émergents, en concurrence pour une gestion plus efficace du capitalisme.
Les États-Unis, qui demeurent encore aujourd'hui (mais plus pour très longtemps) la première puissance
mondiale, sont certes capable d'intervenir sur l'ensemble de la planète mais sans pour
autant en avoir la volonté. S'ils conservent à ce jour de nombreux atouts démographiques, militaires,
financiers, scientifiques et technologiques, leur situation politique interne est en revanche
particulièrement inquiétante : l'extrémisme (de gauche chez les Démocrates, qui ne voient la
société américaine qu'au prisme de la question raciale, ou de droite chez les Républicains, qui ne
la voient quant à eux qu'au prisme de la religion) l'emporte aujourd'hui sur la modération. Puisque
la fin justifie désormais les moyens, cet extrémisme a conduit au cours des dix dernières années à
de terribles atteintes aux institutions démocratiques américaines : obstruction républicaine à l'exercice
par Barack Obama de son droit de nomination des juges de la Cour Suprême américaine ;
manipulation des médias (tant traditionnels que réseaux sociaux) et de l'information pour
tromper les citoyens ; remise en cause (sans fondement) de l'intégrité de l'élection de Joe Biden
par Donald Trump ; tentative subséquente de coup d'État avec l'assaut donné par les partisans de
Trump sur le Capitole en janvier 2021 ; modification de la carte électorale par 18 États à majorité
républicaine pour tenter de diminuer le poids du vote noir et latino en vue des élections de 2024...
La Cour suprême américaine (à majorité républicaine), dont plusieurs membres plaident pour une
lecture « originaliste » de la Constitution américaine, a de son côté remis en cause en juin 2022 le
Les Carrés Rouge - L'essentiel des relations internationales - 13e

Table des matières de la publication Les Carrés Rouge - L'essentiel des relations internationales - 13e
