Les Carrés Rouge - L'essentiel des relations internationales - 13e - 51

CHAPITRE 3 - Les relations internationales depuis 1945
49
l'incapacité de résoudre les problèmes sur le terrain et les difficultés croissantes, notamment financières,
du fait de la multiplication des interventions. De plus, même si elle a été officialisée a
posteriori,l'opération préventive unilatérale contre le régime de Saddam Hussein au printemps
2003 menée par les Américains et les Britanniques sans mandat du Conseil de sécurité, fragilise
fortement le mythe des Nations Unies, garante de la sécurité collective obtenue par l'application
d'un droit international conçu et appliqué par des institutions internationales. À propos des
conflits régionaux, la fin de l'affrontement Est-Ouest a eu initialement un effet pacificateur mais
de nouveaux conflits sont apparus. Ils reposent sur des paramètres identitaires qui s'inscrivent
essentiellement dans une perspective non étatique. Quant à la tendance au désarmement, elle
était réelle si l'on se focalisait sur la relation nucléaire américano-russe. En revanche, depuis
2022, la prolifération continue et la guerre en Ukraine suscite même un regain d'intérêt non
seulement pour les armements conventionnels (c'est-à-dire conformes aux traités internationaux
réglementant les moyens et méthodes de guerre) mais aussi désormais pour certains armements
non-conventionnels capables de conférer un avantage stratégique important à celui qui les utilise.
Au monde bipolaire qui prévalait jusqu'en 1991 a donc succédé dans un premier temps un monde
unipolaire, lequel est arrivé aujourd'hui à son terme. Un monde multipolaire est en passe de le
remplacer. Le XXI
e siècle a en effet vu l'émergence de nouveaux pôles de pouvoir : aux côtés d'un
Occident de moins en moins prépondérant, apparaissent des nouvelles puissances, de la Chine au
Brésil, de l'Inde au Mexique, de l'Afrique du Sud à l'Indonésie sans oublier les puissances pétrolières
du Golfe.
Le mythe de l'hyperpuissance américaine a vécu. La puissance des États-Unis, si elle reste seule à
pouvoir prétendre à la globalité, se trouve de plus en plus contestée par l'émergence de puissances
rivales (au premier titre desquelles, la Chine), par des États en rupture de ban (l'actuelle
Russie, la Turquie, etc.) et aussi par la mondialisation. Dans un système international dont l'instabilité
croît avec sa multipolarité et l'hétérogénéité des systèmes de valeurs et de croyances, rien ne
peut se faire contre les États-Unis, mais les États-Unis ne peuvent plus tout faire. Perçus comme les
gendarmes du monde, ils ont en réalité perdu la maîtrise. Par pragmatisme et pour des raisons
budgétaires, les États-Unis ont recherché sous l'Administration Obama, en tant que chef de file,
des partenariats ciblés avec d'autres États pour la réalisation d'objectifs communs : il s'agissait
donc bien d'un multilatéralisme encadré, systématisé sous le concept de « leadership de derrière ».
En revanche l'Administration Trump a opéré un virage en matière de politique extérieure en favorisant
l'isolationnisme au détriment du multilatéralisme. Les États-Unis se sont ainsi retirés de
plusieurs instruments internationaux (changement climatique, désarmement, nucléaire, commerce
international...), de plusieurs organisations internationales du système onusien (UNESCO, OMS), et
ont cessé de financer un certain nombre de programmes humanitaires (notamment celui de l'ONU
pour les réfugiés palestiniens), laissant le champ libre à l'activisme chinois revendiqué par le tout
Les Carrés Rouge - L'essentiel des relations internationales - 13e

Table des matières de la publication Les Carrés Rouge - L'essentiel des relations internationales - 13e
