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de défense nationale (IHEDN), créé en 1936 par le contre-amiral Castex, justifie ainsi le maintien d'une
journée défense citoyenne (qui s'est substituée à la journée d'appel de préparation à la défense dite JAPD)
depuis la réforme du service national en 1997. En juin 2018, le Premier ministre Édouard Philippe annonce
la mise en place d'un service national universel d'une durée d'un mois pour tous les jeunes de 16 ans. Ces
différents moyens ont pour but de maintenir un lien permanent entre la Nation et sa défense.
Le concept de défense nationale illustre bien cette volonté de mobiliser en permanence l'ensemble des
moyens de la nation, du corps social, pour défendre ces derniers de toute agression extérieure. Si la volonté
d'une contribution permanente n'est pas remise en cause, le degré et les conséquences de la mobilisation
sont en revanche contestés.
II. Si la liberté n'a pas de prix, elle n'est pas détachable du principe
de réalisme politique
A. LA DÉFENSE A TOUT PRIX N'EST PAS CONCEVABLE DANS UNE DÉMOCRATIE
Les exigences de la défense nationale peuvent constituer une remise en cause du fonctionnement
démocratique. La défense nationale peut justifier des atteintes aux libertés des citoyens et résidents.
En premier lieu, elle justifie un régime de confidentialité avec différents niveaux d'accès restrictifs qui
contredisent le principe même de transparence d'un régime démocratique. L'emploi des « fonds secrets »,
l'opposabilité du secret à des instructions ou des enquêtes ponctuent régulièrement la vie politique sur le
degré d'acceptabilité par le corps social à ces atteintes aux principes de base.
Les pouvoirs donnés aux forces armées, dans le but de gagner la guerre, peuvent conduire à la suspension
des libertés. Le concept de guerre totale entraîne une mobilisation de tous, justifiant d'interférer avec la vie
quotidienne des civils. Chez Ludendorff, cette notion va jusqu'à remettre en cause la primauté du politique
sur le militaire (La Guerre totale, essai paru en 1935) : au vu de l'expérience de la Première Guerre mondiale,
l'esprit du peuple s'exprime par la guerre, en prenant conscience du but de la guerre et de la nécessité de
mesures violentes contre les opposants à la guerre. Cette vision justifie la levée en masse, la réquisition ou
des destructions, autant d'atteintes aux libertés. La crainte d'une « cinquième colonne » à l'intérieur des
lignes a par exemple justifié le recours à des mesures exceptionnelles. En 1939, des camps regroupent des
personnes suspectes en France. L'évolution conceptuelle de ces dernières années, associant le concept de
sécurité nationale à celui de la défense, développant les enjeux de sûreté depuis 2001 témoigne également
d'une mutation qui n'est pas que sémantique.
L'état de guerre s'avère en réalité toujours dangereux pour la démocratie. Juridiquement, le recours à des
pouvoirs accrus, bien que prévu formellement, constitue un dysfonctionnement assumé mais aux dérives
potentielles. L'article 16 de la Constitution constitue aux yeux de certains, comme François Mitterrand dans
Le Coup d'État permanent une menace qui pèse sur les libertés individuelles et collectives. Bien qu'appliquée
qu'une seule fois, en 1961, l'absence de limitation dans le temps, jusqu'à la révision de la Constitution en
juillet 2008, le formalisme des consultations, en font une disposition controversée. La crainte d'un coup
d'État par des officiers est constante dans beaucoup de pays. L'histoire de la décolonisation est parsemée de
prises de pouvoirs de juntes militaires en Amérique latine et en Afrique notamment. Le cas du Portugal et
de la Révolution des Œillets est isolé. En France la tradition républicaine se méfie du pouvoir conféré aux
« généraux » (titre d'un essai de Samy Cohen, La défaite des généraux. Le pouvoir politique et l'armée sous la
Ve
République). Le 18 brumaire de l'an VIII (1799), la tentation du boulangisme (1889-1891) puis le putsch
du 21 avril 1961, ou « putsch d'Alger » (Maurice Challe, Edmond Jouhaud, Raoul Salan et André Zeller) ont
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