Fonction publique - Concours-Police-Officier-et-Commissaire 2025 - 5e - 152

CULTURE GÉNÉRALE -
DISSERTATION
Sujet : Devoir de mémoire et unité nationale
Alors que l'Europe est confrontée à des tensions nationalistes, il peut être utile de rappeler que le terme
nation renvoie à la racine nascor c'est-à-dire l'action de naître. La nation est un lieu de naissance d'une
unité sociale, qui fait se tenir ensemble des individus ou des groupes dans le même espace-temps, qui rend
possible un vivre ensemble compatible avec les mêmes institutions. La nation représente ainsi une réalité
historique, culturelle, affective d'un corps social. Il s'agit toutefois d'une notion complexe, porteuse de
représentations symboliques, plus ou moins imaginaires et d'une certaine forme d'identité. Au-delà de la
naissance, se pose donc la question du passé et de la place qu'on lui réserve dans la société.
La société moderne, confrontée à une certaine forme d'accélération, dans un contexte de mondialisation
qui ouvre les sociétés, s'interroge sur les conséquences de ces changements rapides, qui sont parfois perçus
comme une menace de perte d'identité. Or celle-ci renvoie à la connaissance du passé. Reste à distinguer
l'histoire de la mémoire. La première est entendue comme une science, ce que ne peut être la seconde. La
mémoire collective isole les évènements de leur contexte et les identifie de telle sorte qu'ils puissent échapper
à l'oubli. L'histoire, qui repose sur une science de collecte et d'interprétation, insère les évènements, les faits
dans un récit cohérent et contextualisé, au risque d'être soumis à une remise en question au fur et à mesure
de nouvelles données et interprétations. Alors que la mémoire est subjective, l'histoire est soumise à une
exigence d'objectivité, au demeurant souvent contestée.
Or, l'unité nationale, qui doit être distinguée du nationalisme, renvoie aux attentes et contradictions d'un
corps social qui par nature est en mouvement et qui doit avancer. Cette unité nationale doit être préservée
tout en lui permettant de s'adapter aux mutations de la société. La préservation de cette unité engage donc
la légitimité des institutions et des dirigeants qui sont confrontés aux exigences du présent. Si la mémoire
est indispensable, sa mise en œuvre n'est pas sans soulever des conflits susceptibles de remettre en question
l'unité nationale. Le devoir de mémoire revient à imposer une vision du passé. Certaines conditions doivent
par conséquent être formulées. L'oubli peut être privilégié ou dans certains cas n'est pas possible. Le travail
des historiens doit être pris en compte. Enfin, une politique de commémoration doit veiller à ne pas
sombrer dans une concurrence des mémoires ou menacer le vivre-ensemble. Plus qu'un devoir, notion qui
fait débat pour une société libérale, il semble préférable d'invoquer un travail de mémoire. Dans la société
contemporaine, le travail de mémoire est-il en mesure de préserver l'unité nationale ?
Si le devoir de mémoire semble indispensable à l'unité nationale (I), le difficile exercice de l'oubli renvoie
davantage à un travail de mémoire (II).
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