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CULTURE GÉNÉRALE -
DISSERTATION
Sujet : La guerre aujourd'hui
« Pòlemos [la guerre] est le père de toutes choses », professait l'un des premiers philosophes de l'histoire,
l'énigmatique Héraclite. Si cette phrase semble bien heurter les solides convictions pacifistes de démocraties
éprouvées par les conflits du siècle dernier, force est de constater la persistance du phénomène guerrier qui,
en dépit d'efforts résolus pour l'exclure de la vie internationale, s'impose toujours à nous.
[Définitions et analyse du sujet] En effet, la guerre est une constante anthropologique. Que l'on se tourne
vers les prémices de l'histoire humaine, que l'on se nourrisse des mythes fondateurs des civilisations
antiques (la guerre de Troie contée par Homère dans L'Iliade) ou que l'on consulte les théories fondatrices
de notre modernité politique, et notamment celle de Thomas Hobbes qui, dans son Léviathan, invente la
fiction d'un état de nature dominé par la violence réciproque des individus, la guerre constitue un mode de
relation inhérent à la coexistence humaine.
La guerre frappe ainsi par son évidence et la compréhension immédiate, quasiment intuitive, que nous
avons du phénomène : elle serait un échange de morts, à grande échelle, entre plusieurs pays, nations
ou États. Dans États de violence. Essai sur la fin de la guerre (2012), le philosophe Frédéric Gros s'appuie
sur la vieille définition du juriste italien Alberico Gentilis qui, dans son de jure belli (1597), écrivait : « La
guerre est un conflit armé, public, et juste. » Cette définition permet de repérer plusieurs caractéristiques
essentielles du phénomène guerrier.
Le caractère public de la guerre signifie qu'elle met en jeu l'affrontement de collectifs politiques. En dehors
de l'hypothèse de la guerre civile, l'État s'est affirmé à l'ère moderne comme l'acteur central de la guerre -
« La guerre n'est donc point une relation d'homme à homme, mais une relation d'État à État », écrivait ainsi
Jean-Jacques Rousseau (Du contrat social, I, IV). En effet, depuis les traités de Westphalie conclus en 1648
(entre l'empereur Ferdinand III, la France, la Suède et leurs alliés respectifs pour mettre fin à la guerre de
Trente Ans), les États se reconnaissent mutuellement comme seuls interlocuteurs légitimes sur la scène
internationale. C'est bien ce que signifie De Gaulle, lorsqu'il affirme en 1952 que « La défense ! C'est la
première raison d'être de l'État. Il n'y peut manquer sans se détruire lui-même ».
Pourtant, l'époque contemporaine voit se brouiller l'équation entre la guerre et l'État. À la représentation
traditionnelle d'un conflit opposant deux armées régulières, succède une nouvelle forme de guerre dite
« asymétrique » opposant une multiplicité de groupes armés non étatiques (terroristes, guérillas, bandes
armées, mouvements de résistance...), soit entre eux, soit face à un État (guerre d'Algérie, guerres du
Golfe, Intifada, guerre en Afghanistan, conflit en Colombie entre l'État et les cartels...).
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