City & York - Le capital-investissement - 1re - 41

L e
c a p i t a L - i n v e s t i s s e m e n t
Il est courant d'arrêter une valorisation de quelques centaines de milliers
d'euros, au maximum un million, pour un tour de financement en love
money. Collectivement, les investisseurs ont entre 6 et 12 % de la société.
Si la société parvient à être revendue ou si elle distribue des dividendes,
les proches seront sans difficulté remboursés de leur apport avec une
plus-value. En cas d'immense succès,
ils auront gagné des sommes
importantes. L'entrepreneur gagnera lui aussi des sommes inimaginables
et sera heureux de voir ses proches largement récompensés de leur risque.
Dans les sociétés de technologie, certaines valorisations sont exceptionnelles.
Elles peuvent laisser croire que leurs fondateurs s'achètent le lendemain
des bateaux pour faire le tour du monde. Pourtant, une
augmentation de capital ne bénéficie qu'à la société, aucune somme ne
revient directement aux fondateurs. Au mieux, la société aura plus de
facilité à leur payer un salaire.
L'augmentation de capital, si elle n'est pas complètement muette sur le
patrimoine d'un actionnaire, n'en dit pas non plus grand-chose. La situation
est trompeuse : l'opération arrête une valeur pour la société. Parce
qu'ils ont encore une part importante du capital de la société et que les
actions sont des titres de propriété, les actionnaires pensent être propriétaires
d'une somme d'argent importante. Certes, ils détiennent bien un
pourcentage élevé d'une valeur. Sur le papier, ils s'imaginent riches. Peutêtre
pire encore, les autres les voient riches.
Nul besoin de préciser que les actions ne sont pas des euros et qu'elles ne
se mangent pas. Tant que ces actions ne sont pas devenues liquides, c'està-dire
de la monnaie échangeable, les fondateurs n'ont qu'une richesse
virtuelle. Cette virtualité ne deviendra peut-être jamais réelle. Ils doivent
attendre des dividendes ou un cash-out, c'est-à-dire tirer de l'argent de la
revente d'une partie ou de l'intégralité de ces actions. Ils sont donc à
égale distance de la richesse que leurs actions sont de la liquidité.
Si la valorisation dit quelque chose de l'enthousiasme des investisseurs, ils
offrent peu de liquidité pour les fondateurs, souvent aucune. À l'occasion
des premiers tours de financement, c'est le patrimoine de la société qui
s'accroît, rarement celui des actionnaires. Parce qu'elle a besoin de liquidités
pour financer son activité, elle capte les euros, laissant les actionnaires
à leur richesse virtuelle. S'il est courant de trouver des investisseurs,
cela est plus difficile pour les acheteurs. Les nouveaux actionnaires souscrivent
à des titres nouvellement émis, ils ne rachètent pas les titres déjà
existants. Ils redoutent plus que tout de voir les fondateurs quitter le
navire. Ils n'ont aucune intention de leur racheter des titres.
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