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DRO (Stiglitz, Sen, Fitoussi, 2009). D’autre part, on a acquis la conviction de ce que chaque contexte national comporte ses propres particularités et peut faciliter l’invention de mesures propres. Dans ces circonstances, il est fondamental de comparer avec soin les situations nationales et les mesures les mieux adaptées, afin d’élaborer une connaissance internationale des “bonnes pratiques”, qui prenne en compte correctement les contextes qui leur donnent les meilleures chances de succès. Telle est la logique sous-jacente à la ‘Méthode ouverte de coordination’ introduite dans l’Union européenne (Dehousse, 2004). Un processus semblable, quoique plus modeste dans les objectifs de comparaison entre les politiques nationales, a été plus récemment introduit à l’OIT, avec le lancement du programme ‘sécurité sociale pour tous’. Parallèlement à cette prise de conscience dans les milieux gouvernementaux spécialisés, on assiste, au plan mondial – c’est là une donnée radicalement nouvelle – à l’éveil d’un mouvement social global. Un moment déterminant, à cet égard, est l’organisation des manifestations qui ont eu lieu à Seattle, à l’occasion de l’assemblée de l’OMC convoquée dans cette ville en février 1999. C’est alors que se révéla la capacité d’un ensemble hétéroclite de mouvements, très différents les uns des autres quant à leurs objectifs et bases sociales, à converger dans une action commune de grand impact sur les médias et sur les procédures de prise de décision des organisations internationales. Les effets de l’émergence de ce mouvement social mondial, qui a gagné en consistance dans le cadre de ‘Forums sociaux’ mondiaux (dont le premier se tient à Porto Alegre, 2001 – cf. Santos, 2005), furent multiples : renforcement, dans les organisations internationales, des secteurs qui plaident pour une amélioration des politiques dans le domaine social ; modification de la composition de l’éventail des acteurs non gouvernementaux, jusque là dominé par les syndicats, et qui tend désormais à inclure des groupements beaucoup plus diversifiés représentant, non plus prioritairement les travailleurs dans un sens plutôt abstrait, mais des catégories

internationales, de la gravité des problèmes sociaux qui subsistent (Stiglitz, 2002), malgré les politiques de développement de l’économie et des États providence des années 1960-70, et malgré les politiques monétaristes des années 1980. Dans les pays les plus développés, on constate principalement le chômage et la marginalisation progressive d’une proportion significative de la population ; dans les pays moins développés, une aggravation des inégalités sociales, des situations de pauvreté extrême, et une augmentation de l’écart avec les pays les plus développés (van Ginneken, 1999). Face à ces phénomènes, l’expérience des années antérieures suscite notamment deux préoccupations. D’une part, il s’agit de mieux articuler les politiques économiques, destinées à encourager le dynamisme de l’activité des entreprises privées, créatrice de richesse et d’emplois, et les politiques sociales, nécessaires pour garantir à cette activité entrepreneuriale un environnement de paix sociale et une main d’œuvre motivée. Cette articulation doit se vérifier au plan interne, mais également au plan international, où elle doit se traduire dans la coopération entre les organisations internationales à vocation économique et celles à vocation sociale (Queisser, 2000 ; Bit, 2002). Cette orientation est particulièrement manifeste dans le cas de la Banque Mondiale, qui donne désormais beaucoup plus d’importance aux critères sociaux et écologiques dans l’appréciation des projets financés ; on la perçois aussi dans les discours plus récents du BIT, où l’on insiste sur la nécessité, pour l’activité économique elle-même et pour les entreprises, de mesures sociales bien conçues, susceptibles de garantir le niveau de formation et de motivation des travailleurs. Elle se révèle enfin dans l’effort d’une meilleure prise en compte des critères sociaux dans la mesure du développement, effort engagé en 1990 dans le cadre du Programme des Nations unies pour le Développement, avec la publication du rapport annuel sur le développement humain ; effort dont l’importance vient d’être soulignée par le rapport de la Commission sur la mesure de la performance économique et du progrès social
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