Dictionnaire de la Globalisation - 56

50

BIO leur de tolérance, conçue comme vertu même de la démocratie pluraliste moderne (Lezzi, 2002), et “qui devrait déboucher seulement sur ce droit léger qui ne protège que de l’interférence de la spéculation de l’autre sur la liberté de chacun”, un recours, en définitive, “à des règles de compatibilité par opposition aux règles de prévalence (ou de suprématie) du droit” (Bompiani, 1994 : p. 42 sq.). À l’opposé, on trouve la bioéthique personnaliste, qui “tend à promouvoir un droit fort, capable non seulement de protéger objectivement les plus vulnérables, et ceux qui ne peuvent s’exprimer, mais aussi d’empêcher que, en autorisant certains centres [spécialisés : cliniques, dispensaires etc.], on ne finisse par légitimer des procédés qui ne sont pas considérés comme moralement acceptables” (Ibid., eod.loc.) parce que non fondés sur la notion de personne. La problématique du dilemme apparaît avec évidence dès que l’on songe au contraste socioculturel qui caractérise la société actuelle, et qui voit s’opposer, d’une part, la requête d’une législation plus forte et plus appropriée sur les problèmes éthiques, et, d’autre part, les sollicitations de privatisation des questions éthiques, qui tendent à les soustraire à toute forme de contrôle public et juridique. On a pu affirmer, en ce sens, que “tout progrès scientifique, toute technique nouvelle a une incidence juridique. Le droit ne peut les ignorer et dois les intégrer. [...] Mais la question qui est aujourd’hui posée au législateur est d’une toute autre nature. Les progrès de la médecine et de la biologie remettent en cause le droit lui-même” (Neirinck, 1994 : p. 153). MCDC
Corrélats : Démocratie ; Dignité humaine ; Développement durable ; Droit de l’environnement. Bibliographie : Angela Aparisi Miralles, El Proyecto Genoma Humano : algunas reflexiones sobre sus relaciones con el Derecho, Valencia, Tirant lo blanch, 1997 ; EAD., Bioética, bioderecho y biojurídica, sur www2.uah.es/ filder/bioetica_bioderecho_biojuridica.pdf, 2007 ; Adriano Bompiani, Bioetica dalla parte die deboli, Bologna, Dehoniane, 1994 ; Carlo Casonato, Introduzione al biodiritto. La bioetica nel diritto costituzionale comparato, Trento,

tation de la réalité biologique s’accompagne d’une modification de la lecture qu’en fait le droit, à tel point que, comme on a pu le dire, “plus encore que le paradigme biologique, c’est le paradigme juridique qui est surtout appelé à changer” (Casonato, 2006 : p. 18). Les problèmes liés au progrès des sciences de la vie ne peuvent pas être résolus sans l’élaboration d’un droit positif nécessairement transnational. Le biodroit reflète ainsi un mouvement qui incorpore, en la dépassant, la pure régulation déontologique des activités médicales, en consacrant internationalement les droits de la personne spécifiques à la question. Exemples emblématiques : le Code de Nuremberg, avec ses 10 points établissant, dès 1947, une déontologie internationale sur l’expérimentation humaine, la Déclaration d’Helsinki (1964) et la Déclaration Universelle sur le Génome Humain et les droits de l’homme (Conférence générale de I’UNESCO, 1997, vingt-neuvième session), la Directive communautaire 98/44/CE sur la délivrance des brevets en matière d’innovations technologiques, la Résolution du Parlement européen du 16 mars 1989 sur les problèmes éthiques-juridiques posés par les manipulations génétiques, la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne. Ces documents, en dépit de la diversité de leurs sources et des thèmes traités, se rejoignent dans leur formulation des principes de base, comme la prévision des instruments juridiques aptes au contrôle des informations génétiques et à la défense de l’intégrité du corps humain et de la dignité de la personne ; ou encore, l’exigence de promouvoir des choix libres et responsables qui se concrétisent dans le respect du droit de savoir, mais aussi celui de non savoir, la nécessité de s’élever contre l’utilisation discriminatoire des résultats de la recherche biotechnologique. Ce n’est qu’en respectant ces principes, que le phénomène de la globalisation pourra être maîtrisé dans le secteur de la bioéthique et du biodroit. Les relations entre bioéthique et biodroit s’inscrivent dans des perspectives d’analyse variées, qui reflètent la connotation idéologique caractéristique du débat. Ainsi, le biodroit laïc se réfère-t-il à la va-
http://www2.uah.es/
Dictionnaire de la Globalisation

Table des matières de la publication Dictionnaire de la Globalisation
