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RELIRE GIDDENS. ENTRE SOCIOLOGIE ET POLITIQUE

voque la résurgence des nationalismes – on pourrait y ajouter : des intégrismes religieux. On est là, en effet, face à une série de paradoxes. Parmi eux, on retiendra ici celui d’expansion/repli – l’expansion de l’interdépendance globale enfante le repli des identités locales –, ou encore celui de consolidation/élimination – les forces globalisantes peuvent, à la fois, consolider les différences entre le premier monde et le tiers monde ou, au contraire, contribuer à les éliminer 77. Ce sont d’abord les processus de ‘globalisation par le haut’ qui retiennent l’intérêt de Giddens, ceux qui sont liés notamment à l’économie, aux marchés mondiaux, aux organisations internationales 78. En matière de régulation économique, il estime que se pose la question d’un gouvernement économique global. Si la globalisation économique se révèle parfois être un succès, il faut savoir maximiser ses effets positifs, tout en s’efforçant de minimiser ses effets négatifs, tels que les crises financières 79 qui menacent le système tout entier, notamment avec la volatilité des flux du capital ; elles se diffusent avec une grande vitesse, une intensité et une ampleur dont le caractère instantané correspond aux réactions du marché global. Ainsi, à la fuite des capitaux d’un pays ou d’une région à l’autre, s’ajoute une fuite du capital ‘à l’intérieur’ des systèmes, ce qui crée des tensions au sein du marché économique. Cela caractérise une fuite en avant interne du capital, qui génère des effets de déstabilisation de l’économie mondiale, dont les conséquences sont, à la fois, l’hypervalorisation de taxes de change, l’augmentation de prix des biens et des propriétés et l’installation relativement durable d’une bulle économique. Prévoyant les crises financières, Giddens a suggéré l’adoption, par les gouvernants, d’importantes mesures politiques capables de réguler le capitalisme global. Ces propositions sont, en effet, aujourd’hui à l’ordre du jour ; on voit qu’elles dominent le débat politique actuel après la crise financière des années 2000, comme celle, par exemple, de la création d’organismes d’autorités financières mondiales susceptibles de contrôler les transactions financières. Ces organismes auraient comme mission de gérer le risque systémique et de faire des propositions de règles susceptibles de permettre un contrôle efficace de la finance internationale, notamment en ce qui concerne les banques qui travaillent avec les prêts à court terme, les portefeuilles et les produits dérivés 80. Une autre mesure conseillée par Giddens consiste dans la création d’un fonds international officiel destiné à aider des pays ou des marchés spécifiques à répondre rapidement aux crises financières avant qu’elles n’atteignent les économies les plus fragiles 81. Le Fonds monétaire international ne dispose pas,

77. Cf. Anthony GIDDENS, « Une théorie critique de la modernité avancée », dans Michel AUDET et Hamid BOUCHIKHI (dir.), Structuration du social et modernité avancée, op. cit., p. 29-53, et plus précisément p. 40. 78. Cf. Runaway World, op. cit., p. 6 et s. 79. Cf. La constitution de la société, op. cit., p. 127 sq. 80. Ibid., p. 129. 81. En 2010, la crise grecque lui a donné raison. Cette crise a incité les politiques à envisager de réformer les structures de la zone euro, posant en outre la question de l’opportunité de la création d’un fond mondial. L’Union européenne est finalement parvenue à un accord historique.

DROIT ET SOCIÉTÉ, VOL. 55, 2011

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