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LA TROISIÈME VOIE

pondait au fait que Lula n’est pas un idéologue, mais un pragmatique formé par l’action syndicale en milieu ouvrier. Penser qu’il pourrait être anticapitaliste ou altermondialiste était totalement erroné. Pour Alain Rouquié, ancien ambassadeur au Brésil, Lula a peut-être été altermondialiste, comme certains secteurs du PT, mais son programme électoral en 2002 ne l’était pas 59. Cela a provoqué une forte opposition des courants plus radicaux de la gauche, qui va s’accentuer tout au long des deux mandats de Lula, et qui a poussé une partie de la gauche à la création d’un nouveau parti – le Parti du socialisme et de la liberté (PSoL) – fondé à partir de dissidences du Parti des travailleurs (PT) et du Parti socialiste des travailleurs unifiés (PSTU). Ce parti a déclenché, au sein de la société, un vif débat sur la justesse du choix des politiques du gouvernement Lula, en lui attribuant des positions néolibérales, dénoncées précisément comme inspirées de la ‘Troisième voie’. En fait, Lula a été confronté à trois défis majeurs – celui de la modernisation du système politique, celui de la mondialisation, c’est-à-dire de l’adaptation du pays à l’ouverture aux marchés internationaux, et celui de la proposition de politiques sociales adaptées à une société qui reste l’une des plus inégalitaires du monde. Pour François d’Arcy, c’est la modernisation du système politique qui est l’enjeu principal du gouvernement Lula, car les obstacles au développement brésilien, imputés à ses caractéristiques économiques (manque d’investissements, d’infrastructures, endettement excessif...) ou sociales (faible niveau d’éducation de la majorité de la population, indices record d’inégalités...), sont en réalité de nature politique. Ce gouvernement a dû alors agir efficacement dans le sens de la réforme de l’ensemble du système politique brésilien, les partis, le parlement, l’administration, la justice... On a constaté, en effet, que le PT et Lula ont montré davantage d’habileté à utiliser et faire fonctionner le système politique existant qu’à le faire évoluer, qu’il s’agisse de constituer une majorité parlementaire, de faire fonctionner la machine gouvernementale ou de renforcer l’État de droit 60. Mais il faut reconnaître que l’impossibilité de cette réforme n’a pas hypothéqué les résultats obtenus dans d’autres domaines. S’agissant du défi d’ajuster le pays aux marchés internationaux et de répondre aux exigences du système financier, Lula a immédiatement adopté une position de conformité aux règles imposées par le FMI (Fonds monétaire international), auquel il a remboursé la dette brésilienne en imposant une politique de rigueur. Il a ensuite remis le pays sur la voie de la croissance économique, après presque dix ans de stagnation, au cours desquels le Brésil avait connu une croissance médiocre. S’il y a eu des similitudes avec la politique du gouvernement antérieur, surtout en matière de politique monétaire, l’austérité fiscale du gouvernement Lula a été plus forte et, si l’on prend en compte l’ensemble de la politique économique, on verra qu’il a incité les politiques innovatrices de crédit populaire et d’investissement productif, pratiquement inexistantes sous Fernando Henrique Cardoso. En réalité, il a véritablement dopé le crédit à la con59. Cf. Alain ROUQUIÉ, Le Brésil du XXIe siècle, Paris, Fayard, 2006. 60. Cf. « Enquête : Lula entre social-libéralisme et tiers-mondisme », cité supra.

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DROIT ET SOCIÉTÉ, VOL. 55, 2011

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