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RELIRE GIDDENS. ENTRE SOCIOLOGIE ET POLITIQUE

sommation populaire 61 et a promu la croissance économique, hissant le Brésil au rang des pays émergents qui composent le BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) 62, représentant aujourd’hui un poids politique au sein du capitalisme global. Quant aux politiques économiques ayant une visée sociale, la stratégie du gouvernement Lula a été d’axer la croissance sur une large inclusion sociale, avec l’octroi des droits fondamentaux de la citoyenneté, ce qui, en pratique, a conduit à un transfert direct de revenu vers les familles les plus pauvres vivant en dessous du seuil de pauvreté. Ces transferts, coordonnés par le Ministère du développement social et du combat contre la faim (MDS), assistaient, dès 2004, 48 millions de personnes 63 ! Une ‘Bourse Famille’, sur fonds publics, est aussi octroyée dans le cadre du programme appelé ‘Faim Zéro’, et une augmentation réelle du salaire minimum a été opérée, avec des réévaluations régulières. Les plus bas salaires des fonctionnaires ont connu une revalorisation, et le gouvernement a fortement promu la création d’emplois et la formalisation du marché du travail, largement informel au Brésil. Les syndicats, renforcés, ont obtenu, dans la plupart des négociations collectives, des augmentations de salaire supérieures au niveau de l’inflation. Si cette politique a appauvri les classes moyennes, autrefois plus favorisées, elle a généré, indiscutablement, un processus d’égalisation sociale. Dans le cadre d’une consolidation des institutions, d’autres domaines ont connu une amélioration, comme ceux de la Police Fédérale ou de l’Université, pour laquelle a été créé un système d’affirmative action avec des quotas pour les jeunes issus de la population noire. Si plusieurs de ces politiques restent polémiques, l’indifférence sociale qui dominait cette société s’est tournée vers une idée plus prenante de participation sociale ; un processus de ‘démocratisation de la démocratie’, tel que celui que prônait Giddens 64, s’est ainsi installé dans plusieurs secteurs de la société brésilienne 65. Pour ne pas entraver les efforts de la croissance économique, et pour ne pas compromettre les efforts du gouvernement dans le domaine fiscal, Lula s’est engagé dans la réforme de la sécurité sociale. Avec l’accord du PT, il s’est attaqué au secteur public, notamment aux régimes spéciaux de retraites qui, permettant à leurs bénéficiaires de toucher des pensions élevées, portaient atteinte au principe d’équité sociale et menaçaient gravement l’équilibre financier du système 66. Prévisibles, des résistances politiques se sont manifestées parmi les
61. Cf. « BRÉSIL - Bilan du gouvernement Lula », sur Alterinfos América Latina – Diffusion de l’Information sur l’Amérique Latine, 1er février 2006 [mis en ligne par Dial 2858], sur www.alterinfos.org/spip. php ?article814 62. Cf. AA.VV., v° « BRIC », dans Dictionnaire de la Globalisation – Droit – Science politique – Sciences sociales, op. cit. 63. Cf. « BRÉSIL - Bilan du gouvernement Lula », op. cit. 64. GIDDENS, The Third Way, chapitre 3. Cf. A terceira via. Reflexões sobre o impasse político atual..., op cit., p. 67. 65. Voir Boaventura de SOUSA SANTOS, Democratizar a democracia, op. cit. 66. Cf. Jorge Ruben Biton TAPIA, « La réforme des retraites du gouvernement Lula : entre logique financière et droits sociaux », dans Chronique Internationale de l’IRES (Institut de Recherches Économiques et Sociales), n° 85 – novembre 2003, sur www.ires-fr.org/images/ files/ Chronique/Chroniques80a89/C85-2bre.pdf (consulté le 11/01/2011).

DROIT ET SOCIÉTÉ, VOL. 55, 2011

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