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LA TROISIÈME VOIE

puis l’idée d’une ‘rationalité productive’ s’est développée, atteignant son apogée à l’époque de la Révolution industrielle. On commence à parler de « faux pauvres » – ceux qui ne veulent pas travailler –, que l’on distingue des « vrais pauvres » – ceux qui ne peuvent pas travailler. Cette distinction va marquer les esprits : d’un côté, la pauvreté sera considérée comme pouvant être la conséquence d’une démission personnelle, il s’agirait alors d’une responsabilité individuelle ; d’un autre côté, la pauvreté sera perçue comme le résultat d’une démission collective de la société, il s’agirait alors d’une responsabilité sociale. Pendant longtemps, les institutions étatiques chargées de la lutte contre la pauvreté ont adopté tantôt l’une, tantôt l’autre de ces notions. Si l’accent était porté sur la responsabilité sociale, les institutions tendaient à mettre en place des politiques d’assistance généreuses, centrées sur les problèmes d’intégration et de cohésion sociale. Si l’accent était mis sur la responsabilité individuelle, les politiques d’assistance étaient, au contraire, plus contraignantes. Comment la pauvreté est-elle perçue par Giddens ? Pour lui, la pauvreté est un phénomène essentiellement biographique lié à des événements personnels tels que le divorce, la maladie, le départ du foyer parental, la perte d’un emploi. Pour le combattre, l’État doit agir sur les circonstances qui amènent à tomber dans la pauvreté et sur celles qui permettent d’en sortir 72. Le ‘New Deal’ doit investir dans le capital humain, non seulement au moyen d’une protection contre les risques liés à la santé et le chômage, mais aussi par l’éducation. Un projet socio-démocrate renouvelé doit se doter d’un système éducatif de qualité, apte à promouvoir à la fois la formation et l’accès aux nouvelles technologies. Giddens mentionne la célèbre expression de Tony Blair, à l’époque où ce dernier indiquait les trois principaux objectifs de son gouvernement : ‘éducation, éducation, éducation !’ 73. La nécessité de meilleures qualifications professionnelles, ainsi que d’un entraînement en matière de compétences visant surtout les populations défavorisées, constitue un défi dans les pays industrialisés 74. Ici, on doit mettre en place des politiques de lutte contre la pauvreté plus centrées sur les communautés locales. Ces politiques doivent se substituer aux programmes classiques, car elles permettent une plus grande efficacité sociale et s’avèrent plus démocratiques. C’est dans les communautés les plus pauvres, en effet, que se trouve favorisée la création de réseaux d’entraide ; là, s’éveille l’esprit d’initiative, en mobilisant le capital social comme moyen collectif pour générer des opportunités économiques, profitables à tous. C’est pourquoi les ressources économiques doivent être dirigées vers l’initiative locale 75. On ne peut s’empêcher, ici, de revenir sur le cas brésilien, car, dans les favelas, des programmes communautaires sont largement mis en œuvre, et l’on peut parler d’une certaine efficacité sociale. Mais ces stratégies d’investissement social doivent aller plus loin, jusqu’aux politiques de soutien psychologique, car le manque d’estime de soi est un fac72. Cf. Anthony GIDDENS, « Affluence, poverty and the idea of a post-scarcity society », op. cit. 73. GIDDENS, The Third Way, chapitre 4. Cf. A terceira via. Reflexões sobre o impasse político atual..., op cit., p. 119. 74. Ibid., eod. loc. 75. Ibid., p. 120.

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DROIT ET SOCIÉTÉ, VOL. 55, 2011

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