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LA TROISIÈME VOIE

le Labour doit d’abord gagner la bataille des idées ». En 1997, le New Labour avait montré qu’il existait une troisième voie entre le socialisme traditionnel et la religion du marché, à condition de privilégier le capital humain tout en tenant compte de la mondialisation. Avec les nouveaux bouleversements dus à la mondialisation, le programme des travaillistes doit aller plus loin. Après avoir abandonné le keynésianisme, il doit apporter une réponse aux délocalisations, qui n’épargnent désormais aucun secteur d’activité. De rudes critiques ont été adressées à Giddens, notamment en France. Même si certains auteurs français reconnaissent la justesse des objectifs opérationnels de la ‘Troisième voie’, qui visent la lutte contre les inégalités, obstacle majeur à la cohésion de la société, ils s’insurgent contre l’abolition des droits existant dans le système traditionnel de protection sociale. Pour certains, Giddens s’accommode trop des logiques capitalistes. Non seulement il ne s’efforce pas d’en sortir, mais il nous exhorte à vivre avec le capitalisme plutôt que de chercher à le renverser 94. Il reprend les idées classiques d’activation et d’investissement social 95 pour abolir des droits sociaux. Il pourrait avoir de la justice sociale une conception plus exigeante et plus indépendante des impératifs du marché 96. Selon ces critiques, le néo-libéralisme de Giddens, camouflé en socio-libéralisme de gauche, mène la vie dure aux pauvres et aux chômeurs, désormais censés s’affranchir d’une ‘ culture de la dépendance’. Ces thèses se retrouvent avec une connotation de sévérité dans certains discours de Tony Blair, où des mots durs sont prononcés, tels que : « Le temps des droits automatiques à l’allocation sociale sont révolus » ; ou : « (L’aide sociale) fonctionne souvent à l’encontre de la nature humaine […] La culture des allocations doit être changée » ; ou encore ceux de Gordon Brown : « À partir d’aujourd’hui, on n’aura plus le droit de rester chez soi sans rien faire tout en touchant des allocations » ; ou de Fr. Field ; « Il faut tirer les gens de la pauvreté et de la dépendance pour les conduire vers la dignité et l’indépendance ». Indignés, certains vont jusqu’à affirmer : « Difficile de se montrer plus résolu à en finir avec le monument historique illibéral de l’État providence ! » 97 Que ce ‘nouveau climat du politique’ mette en lumière le besoin de politiques alternatives radicales, cela nous a déjà conduits à mentionner les ‘politiques de la vie’ ; cela va nous mener à traiter des positions de Giddens sur les nouvelles politiques du climat.

94. 95. 96. 97.

Zaki LAÏDI, op. cit., p. 1. Antoine COLOMBANI, op. cit., eod. loc. Ibid., eod. loc. Voir aussi Anthony GIDDENS, Le nouveau modèle européen, op. cit., p. 111. Cf. Alain LAURENT, « Giddens et le libéralisme de gauche », op. cit.

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DROIT ET SOCIÉTÉ, VOL. 55, 2011

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