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RELIRE GIDDENS. ENTRE SOCIOLOGIE ET POLITIQUE

politique et la géopolitique, et, par les sociologues, d’une approche souvent interdisciplinaire, voire transdisciplinaire. L’ouvrage traite du changement climatique, et des manières de le prévenir, d’en retarder les effets. Le choix du thème n’est probablement pas anodin. En effet, si, sous l’argumentation de Giddens, on ne manque pas de retrouver le sociologue, sa démonstration suppose toutefois – et davantage qu’en filigrane – l’importance de l’approche par la politique, et, de là, sa faveur pour une sociologie politique – et, pourrait-on dire en extrapolant, pour une sociologie politique du droit, dans la mesure où il ne cesse de parler de l’importance du pouvoir dans la mise en place de règles, de normes établies, généralement, mais pas exclusivement, via les politiques publiques. Giddens écrit, d’ailleurs, dans les remerciements qu’il a placés en tête de son ouvrage, que le livre est né de son implication dans un projet organisé sous les auspices du think-tank ‘Policy Network’ et du Centre d’Études sur la Gouvernance Globale de la London School of Economics –, centre dont il a, à une certaine époque, été le Directeur. Au cours de son argumentation, Giddens ne cesse de montrer à la fois les effets pervers qui naissent des carences en matière de théorisation de la question, et l’impossibilité de contourner l’approche par la politique, les politiques publiques elles-mêmes se ressentant à la fois d’une insuffisance de théorisation et des usages qu’on en fait. Bref : à de nouvelles politiques du climat, pourraiton dire, un nouveau climat du politique ! Telle pourrait être résumée la thèse de Giddens. Si le titre de l’ouvrage focalise l’argumentation sur le changement climatique, Giddens aborde souvent les questions liées d’une manière générale aux énergies 5. Tout comme le changement climatique, note-t-il, l’énergie est soudain apparue sous les feux de la rampe comme un problème fondamental. Les questions sont largement liées. Plus précisément, s’agissant des énergies fossiles, il rappelle que près de 90 % de ce qui se vend provient, d’une manière ou d’une autre, du pétrole. On vit dans une civilisation qui, si l’on regarde les risques pour le futur, ne peut pas se maintenir en l’état 6. Littérature et films développent, d’ailleurs, depuis quelques décennies, et pour le plus grand plaisir de spectateurs en mal d’émotions, l’idée d’une fin des temps proche, dans un cadre apocalyptique plein de peurs qu’il avait lui-même évoquées 7. Il consacre donc un chapitre, le deuxième, à faire le lien avec la sécurité en matière énergétique. Running out, Running down ? C’est par des expressions traduisant l’épuisement, qu’il a intitulé cette partie de son livre. Et de rappeler que, s’agissant d’énergies, il existe des technologies propres à réduire à la fois
5. Les questions relatives à l’énergie seront largement présentes dans tous les chapitres, dans la mesure, note Giddens, où il n’y a aucune chance d’atténuer le changement climatique sans réduire radicalement notre dépendance par rapport au carburant fossile (The Politics of Climate Change, op. cit., p. 48). Cf. Giancarlo CORSI et Gabriel COLLETIS, v° ‘Risque’, dans Dictionnaire de la Globalisation, op. cit. Sur les relations entre globalisation économique et changement climatique, cf. par ex. Simon RETALLACK et Ladan SOBHAMI, « Mondialisation et changement climatique », dans Edward GOLDSMITH et Jerry MANDER (dir.), Le procès de la mondialisation, Paris, Fayard, 2001, p. 373-396. Son Runaway World : cf. supra la note 1 du ch. 3.

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DROIT ET SOCIÉTÉ, VOL. 55, 2011

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