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RELIRE GIDDENS. ENTRE SOCIOLOGIE ET POLITIQUE

la mise en œuvre d’un ensemble de politiques publiques bien ordonnées et sur une perspective de long terme (2), d’une société civile bien informée et devenue consciente de la gravité de ces problèmes (3), d’une communauté internationale prête à une réelle coopération (4), que de remettre un peu d’ordre làdedans pour éviter le pire. Pour introduire à son argumentation, Giddens pose un paradoxe majeur, et égrène un certain nombre de concepts qui sont, selon lui, appelés à jouer un rôle incontournable dans la mise en place d’une politique en matière de changement climatique (1), le politique s’avérant, en fin de compte, le centre névralgique de toute approche sur des questions touchant à la société (5).

5.2 – La recherche entre théorie et pratique
La recherche, dont, on l’a mentionné, est né ce livre, n’a de valeur que par la dialectique permanente qu’elle entretient entre théorie et pratique. Or, précisément, souligne Giddens, pour développer une politique du changement climatique, on a, d’abord, besoin de nouveaux concepts. Avant d’énoncer ceux sur lesquels il entend appuyer sa propre argumentation, il en présente deux dont il explique qu’il ne s’accommode pas (alors qu’ils semblent des concepts importants en matière de changement climatique) : ‘le principe de précaution’ et le ‘développement durable’. On se serait attendu à ce que Giddens fît une large place au principe de précaution. Il l’aborde dans une section consacrée à la gestion du risque 15. Rappelant que le principe remonte à la Déclaration de Rio (Conférence de 1992), et est utilisé bien au-delà des mouvements des Verts pour gérer le risque en matière de changement climatique, il dit que son sens profond peut être résumé dans l’aphorisme : ‘mieux vaut prévenir que courir’ 16. Et il n’est pas d’accord 17 : le principe de précaution ne couvre qu’un seul aspect du problème, remarque-t-il, la possibilité d’une nuisance. L’autre face du risque, c’est l’opposé de la précaution : c’est l’audace et l’innovation. La prise de risques ajoute du piquant à nos vies ; elle est essentielle pour penser ‘neuf’, depuis le progrès scientifique jusqu’à la création de richesses. Aucun espoir de répondre au changement si l’on n’est pas préparé à prendre des décisions audacieuses. Celui qui hésite est un ‘looser’, un perdant – qui a été élevé dans la langue anglaise connaît la portée de ce mot ! Ainsi on ne doit pas agir sur la base du principe de précaution. Et Giddens de créer un nouveau principe, lui aussi avec les initiales « PP » : le ‘percentage principle’, basé sur le principe coûts-bénéfices. Le principe coûts-bénéfices, en effet, suppose un débat public démocratique qui permette à ceux qui font les
15. Anthony GIDDENS, op. cit., p. 57-61. 16. Better safe than sorry. Ibid., eod.loc. En d’autres termes, Be cautious – if you are not, you may regret it ! 17. Il mentionne, au passage, un travail de Cass R. SUNSTEIN (Laws of Fear, New York, Cambridge Univ. Press, 2005) qui, en s’appuyant notamment sur la perception sociale du risque, mentionne un nombre important de définitions contradictoires du principe de précaution 2005 (cf. GIDDENS, The Politics of Climate Change, op. cit., p. 58-59).

DROIT ET SOCIÉTÉ, VOL. 55, 2011

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