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RELIRE GIDDENS. ENTRE SOCIOLOGIE ET POLITIQUE

énoncés par Giddens, et comment mettre en œuvre toutes les mesures que suppose l’application de ces concepts à la cause du changement climatique, si ce n’est par l’action publique ? Mais pas n’importe laquelle : des politiques à long terme, qui impliquent une ‘autre’ conception de ‘la’ politique.

5.3 – De l’inéluctabilité de politiques publiques à long terme
On retrouve ici l’un des quatre grands thèmes développés dans ce livre : ‘éviter de faire du réchauffement planétaire un capital politique’ 33. Et il convient de parvenir à tout prix à une entente entre partis adverses, si l’on veut parvenir à assurer le long terme en matière de politiques publiques sur le changement climatique, des politiques publiques qui doivent, du même coup, prendre en considération de manière très minutieuse les effets (à court, moyen et long terme) qu’elles peuvent avoir sur les classes défavorisées. On se souvient de la septième thèse de Giddens, selon laquelle il convient de « passer de la notion de ‘contrôle’ à un ‘modèle dialogique’, qui introduit cette idée que les formes les plus efficientes de lien entre recherche sociale et policy-making se forgent à travers un processus étendu de communication entre chercheurs, preneurs de décision en matière de politiques publiques, et ceux qui sont affectés par ce qui en résultera. C’est un modèle qui renverse la perspective traditionnelle, la primauté étant donnée à la recherche par rapport à la formulation des objectifs de politiques publiques. Dans un monde qui change si rapidement, la recherche en continu permet de suivre l’urgence des pratiques et de fournir des cadres pour tenter d’y répondre » 34. Les chercheurs peuvent en être déjà conscients ; cela ne suffit pas : il faut développer cette préoccupation dans tous les ministères, toutes les administrations. Bill Clinton a dit publiquement de ce livre qu’il constituait un « point de repère dans la lutte pour contenir le changement climatique, le plus grand défi de notre époque » 35. Et Giddens de préciser dès l’introduction que son livre constitue une étude non pas sur le changement climatique, mais sur la politique en matière de changement climatique 36. D’ailleurs, le sommaire placé en quatrième de couverture, après avoir souligné que « le changement climatique diffère de tous les autres problèmes auxquels l’humanité doit collectivement faire face aujourd’hui », et que « si on continue à ne pas en traiter, les conséquences seront sûrement catastrophiques pour la vie humaine sur la terre », met immé33. Ibid., p. 13. 34. Cf. Social Theory and Modern Sociology, loc. cit. Sur la difficulté qu’il y a à trouver un équilibre et parvenir à une communication entre chercheurs, preneurs de décision et usagers, cf. Wanda CAPELLER, « Conflits d’usage et conflits de représentation de l’eau en Afrique : l’exemple du Burkina Faso », dans Germán SOLINIS (org.), Construire des gouvernances entre citoyens, décideurs et scientifiques, UNESCO & Peter Lang éd., Paris-Berne, 2005, p. 101130. On y a montré que les difficultés majeures pour une bonne gouvernance proviennent de l’existence d’une confrontation entre trois types de rationalité : celle des experts et des chercheurs, celle des utilisateurs et celle des gouvernements. 35. Citation sous forme d’insert publicitaire figurant sur la première de couverture du livre de Giddens, The Politics of Climate Change, op. cit. 36. Ibid., p. 16.

DROIT ET SOCIÉTÉ, VOL. 55, 2011

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