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RELIRE GIDDENS. ENTRE SOCIOLOGIE ET POLITIQUE

(‘mumbo jumbo’), et proposent de parler plutôt en termes de coûts-bénéfices des diverses stratégies avec une préférence pour les marchés ; ils considèrent, quant à eux, que les marchés du carbone 67 contribuent à traiter de la question du réchauffement global. Pour les partis politiques de gauche, aussi, le changement climatique est une opportunité. Ils ont, là, une chance de renouveler leur discours contre les marchés. Giddens cite un important rapport publié par le gouvernement britannique 68 sur la question de l’effet du réchauffement planétaire sur l’économie mondiale. Ce rapport met en avant le recul du rôle des marchés et le développement de celui de l’État 69, montrant que la gauche peut prendre ‘une autre voie’ et retrouver son radicalisme sans s’accrocher à celui qu’elle a perdu avec la dissolution du socialisme révolutionnaire. Retour – autre leitmotiv – à l’efficience d’une troisième voie qui, précise Giddens, serait une occasion de rénover la critique du capitalisme, considéré un peu vite comme la cause de tous les problèmes. La revendication d’une coalition rouge-Verts tient là son origine. En tout cas, il faut bien se méfier de faire du changement climatique une question liée à un courant politique spécifique, car elle transcende ces divisions. On perçoit, certes, un effet boule de neige du problème du réchauffement planétaire à la fois au plan stratégique et sur un plan plus abstrait : en GrandeBretagne, par exemple, les Europhiles voient là une raison de renforcer l’Europe, de lui donner plus de légitimité encore en lui confiant la stratégie de la lutte contre le changement climatique 70. De toute manière, rien ne se fera sinon sur le long terme, ce qui suppose, il ne cesse de le répéter, qu’une politique en la matière doit survivre aux changements politiques normaux en démocratie, donc transcender les prises de positions purement partisanes. Mais il faut reconnaître que les verts ont globalisé leur mouvement et réussi un rassemblement impressionnant, notamment depuis la Conférence de Rio (ONU, 1992). Ils forment alors le ‘Global Green Network’, qui a repris, dans une ‘Charte pour le prochain millénaire’ les quatre principes élaborés par les Verts allemands : harmonie dans l’équilibre écologique, justice sociale, démocratie participative et non-violence, y ajoutant deux autres principes, ceux de durabilité et de respect de la diversité. Cette pensée trouve ses fondements, répétons-le, dans des principes des années 1960-70, notamment le mouvement dénommé ‘grass-roots’ par les collègues sociologues et sociologues juristes américains, mouvement qui privilégie les racines populaires démocratiques
67. On y reviendra plus loin, note 100 et texte correspondant, dans la mesure où Giddens en traite en conclusion de son ch. 8, dont on parlera à propos des négociations internationales et du rôle de l’Union européenne. 68. L’auteur, Nicholas Stern, économiste, est Président du Grantham Research Institute on Climate Change and the Environment à la London School of Economics. Cf. Nicholas STERN, sur http://www.webcitation.org/5nCeyEYJr, Stern Review on the Economics of Climate Change, HM Treasury, London, 2006 (31/01/2010 – consulté le 20 novembre 2010). 69. GIDDENS, The Politics of Climate Change, op. cit., p. 50. 70. Giddens reviendra sur l’attrait exercé par l’Europe en raison des programmes qu’elle développe dans la lutte contre le changement climatique : cf. infra à partir de la note 94 et texte correspondant.

DROIT ET SOCIÉTÉ, VOL. 55, 2011

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