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RELIRE GIDDENS. ENTRE SOCIOLOGIE ET POLITIQUE

science et de la technologie, il y a beau temps qu’ont été dépassées les frontières qui nous séparent du monde naturel. Il y a là, selon lui, une raison supplémentaire de rejeter le principe de précaution, l’une des idées centrales du mouvement des ‘Verts’, et selon lequel, d’après eux, il ne faut pas interférer avec la nature. Par ailleurs, endiguer le changement climatique n’est pas ‘sauver la planète’ (qui survivra quoi qu’il se passe), mais préserver autant que possible une vie décente pour les humains. Pour autant, Giddens ne voit pas de problème à accepter qu’il y ait des valeurs vertes qui se révèlent pertinentes s’agissant de maint aspect important de la vie politique. Mais de telles valeurs ne sont pas nécessairement les mêmes que celles qui sont liées au contrôle du changement climatique ; elles peuvent même être en contradiction. Par exemple, la valeur verte ‘rester proche de la nature’ – avec l’idée sous-jacente de ‘conservation’ –, qui est excellente en soi, n’a rien à voir avec le changement climatique. Même chose pour la protection des animaux : sa seule liaison avec le changement climatique réside dans la préservation de l’écosystème. Il peut donc parfaitement y avoir des heurts entre les valeurs des ‘conservateurs’ de la nature et les politiques concernant le réchauffement planétaire. Pour tout cet ensemble de raisons, et parce que l’expression ‘les Verts’ recouvre tellement de choses aujourd’hui, Giddens évitera de l’employer. Il ne rallie pas ce courant. Il reconnaît, par contre, un rôle important aux ONG en tant que telles. Lorsque Giddens mentionne le travail des ONG, il pense d’abord aux organisations globales 75. Il cite, par exemple, le Climate Change Network, qui inclut des associations comme Greenpeace, Friends of the Earth, the World Wildlife Fund, etc. Le rôle de la société civile est d’autant plus important que, comme le remarquait l’un des responsables du Programme MOST de l’UNESCO, l’environnement doit être traité comme l’un des ‘Common Goods’, et que, en la matière, écrivait-il, « l’État n’est pas capable, à lui seul, de construire – en s’appuyant sur le droit international – un système de règles tout-puissant, parfaitement cohérent, stable et exclusif. L’usage social du droit international – son efficacité même – montre les limites à la puissance régulatrice de l’État en matière d’environnement à l’échelle planétaire » 76. Il est vrai que les ONG, elles aussi, même si elles se retirent derrière des objectifs moraux, constituent des lobbies avec un impact important par exemple en matière d’énergies renouvelables. Elles sont une force majeure dans le cadre des questions environnementales et leurs volontés ont un impact incontestable. Mais elles ne sont pas seulement des groupes de pression ; elles jouent un important rôle de coordination dans la collecte de l’information et la préparation des prises de décision au niveau politique. Elles ont accumulé un énorme et
75. Ibid., p. 119 et s. Le Climate Change Network regroupe, écrit Giddens, quelque 20 millions de personnes. Il existe, en fait, deux instances globales, le Climate Change Knowledge Network (CCKN), qui fut actif entre 1998 et 2004, et le Climate Action Network [http://www.climatenetwork.org/about/about-can] dont il sera question plus loin (note 85 et texte correspondant). 76. Carlos MILANI, « La complexité dans l’analyse du système-monde : l’environnement et les régulations mondiales », dans Revue Droit et Société, n° 46, 2000, p. 425-455.

DROIT ET SOCIÉTÉ, VOL. 55, 2011

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http://www.climatenetwork.org/about/about-can

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