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NOUVELLES POLITIQUES DU CLIMAT

diquer des buts à atteindre 112 ? Les tentatives pour réaliser des ententes internationales destinées à limiter les émissions de carbone ont été influencées profondément par des considérations géopolitiques, mais elles ont rarement été franches. Ce qui manque est une analyse des influences géopolitiques qui affectent les décisions des leaders politiques. Or, le respect de ces dernières s’avère de plus en plus délicat dans la mesure où l’on observe un retour des nationalismes pour des raisons multiples (replis culturels, crise financière, difficultés économiques, distribution aléatoire des ressources naturelles…), et où les conflits armés contemporains sont fréquemment liés à ces questions 113 (tentatives de prise de possession de certains territoires qui, de par leur implantation géographique, disposent de sources énergétiques enviées). Les guerres, de plus, ne sont plus maîtrisées par les ‘grands’, comme elles l’étaient autrefois ; ce monde instable est peu favorable aux ententes et accords multilatéraux. La coopération internationale risque de souffrir, en effet, de ce que les questions du changement climatique – surtout dans la mesure où elles sont liées à celles concernant l’énergie – pourraient bien à la fois se militariser et se trouver dominées par les problèmes de sécurité face aux risques. Réduire les émissions, c’est engager une lutte pour l’approvisionnement en ressources naturelles, ce qui est propre à exacerber les tensions et les divisions déjà existantes. Au nombre des conséquences possibles, on peut en relever quelques-unes dont on pressent les dangers : retour des États au protectionnisme (Giddens note un sérieux retour au nationalisme en Chine et en Russie, par exemple) ; utilisation de la question, par les leaders politiques, pour accéder ou se maintenir au pouvoir ; désignation des immigrants comme boucs émissaires dans ce type d’enchères ; menace pesant sur les pays affaiblis par ces mesures, d’être envahis par d’autres pays qui profiteraient de leur fragilité 114. Il y a, aussi, le problème des deux ‘grands’ en matière de pollution – autant qu’en termes de marché –, les États-Unis et la Chine 115. Les USA ont tendance à percevoir les questions mondiales à travers le prisme d’une lutte pour les sources d’énergie sur toile de fond de changement climatique ; la Chine, elle, est intéressée davantage par les matières premières que par des questions idéologiques. Étant donné que ce sont les plus grands pollueurs, l’avenir du monde est entre leurs mains. D’ailleurs, un plan de changement climatique élaboré en 2006 en Chine anticipe le prochain tournant vers les énergies renouvelables. Dès 2008, la Chine annonçait que trois grandes entreprises d’État rejoindraient le ‘Non-profit Climate Group’ 116. Et Giddens de suggérer – une suggestion qui
112. The Politics of Climate Change, op. cit., p. 14. 113. L’ordre militaire mondial constitue la 3e dimension du ‘système monde’, selon la 4e thèse de Giddens, dans Social Theory and Modern Sociology, loc.cit. 114. Invasion pas nécessairement militaire, mais également économique, comme c’est le cas de la Chine au Soudan (détails dans The Politics of Climate Change, op. cit., p. 205). Giddens rappelle également que la situation qu’a connue le Darfour a précisément pu être qualifiée de ‘première guerre du changement climatique’. 115. Ibid., p. 219 et s. 116. ONG travaillant de concert avec les grands patrons et les leaders politiques sur les technologies propres et les politiques publiques susceptibles de faire reculer les émissions de gaz à ef-

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DROIT ET SOCIÉTÉ, VOL. 55, 2011

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