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NOUVELLES POLITIQUES DU CLIMAT

population, et, par voie de conséquence, une déshumanisation toujours plus importante de la population qui vit dans ces pays, il en appelle à l’éthique. Il se réfère ici à la ‘Déclaration du Millénaire’ (ONU, 8 septembre 2000), où les États membres se sont unanimement entendus pour s’efforcer d’atteindre, en 2015, un niveau où la pauvreté serait réduite de moitié, avec un effort tout particulier sur l’éducation, l’hygiène, la santé, l’emploi, l’égalité des genres… En termes de géopolitique, il faut reconnaître que « le tiers-monde a sombré » 122. Alors que la croissance économique à large échelle est le seul moyen de faire baisser la misère dans le monde, un milliard de personnes a été laissé de côté durant la croissance, en raison de quatre pièges : la possession de ressources naturelles, surtout pétrole et gaz ; le fait que quelques États vivent de leurs rentes, échappant à la course aux ressources énergétiques ; l’existence de pays n’ayant pas d’accès direct au littoral, et des voisins peu compréhensifs ; une ‘bad governance’, à commencer par le taux de corruption. Pour ces pays, c’est la spirale de l’échec. Sans compter que, pour ces mêmes raisons, ces pays plongent dans le terrorisme, le crime international, le marché de la drogue et le blanchiment d’argent 123. L’approche politique est si inséparable de l’étude du changement climatique que l’on a même forgé le terme ‘pétropolitique’, en évoquant une ‘Première loi de la pétropolitique’ 124 : les relations entre les fluctuations du prix du pétrole et les changements politiques. Certes, dans tel État du Golfe, riche en pétrole, la démocratie s’est-elle développée ; des élections libres ont pu être organisées, avec le droit, pour les femmes, non seulement de voter, mais encore de se porter candidates. Néanmoins, plus le prix du pétrole augmente et plus il y a de chance que l’État producteur devienne autocratique, prévient Giddens. Les leaders politiques ont tendance à rechercher une base populaire fondée davantage sur les rentes que sur ce que peut dire l’opposition, et encore moins sur ce que l’on peut dire dans le reste du monde. Par ailleurs, les gouvernements des pays producteurs ont également tendance à utiliser leurs revenus pour contourner le besoin de taxation, négligeant par là les pressions de ceux qui paient ces taxes et qui, généralement, demandent des comptes. Et l’argent du pétrole tend à développer le trafic d’influence, jusqu’à l’organisation de systèmes clos de police, de sécurité, de surveillance. Si l’on parvenait à casser cette dépendance à l’égard des pays producteurs de pétrole, suggère Giddens, cela serait un bien pour tout le monde.

122. Formule de Paul COLLIER, The Bottom Billion, Oxford, Oxford Univ. Press, 2007, p. 3, cite par Giddens, eod. loc., p. 213. 123. Cf. Wanda CAPELLER, vis ‘Corruption’, ‘Cybercriminalité’, ‘Économie illicite’, ‘Systèmes criminels transnationaux’, ‘Terrorisme’, ‘Violence’ ; Solange TELES DA SILVA et Wanda CAPELLER, v° ‘Crime environnemental’ ; Paolo HENRIQUE DE AMARAL et Adélie POMADE, v° ‘Droit de l’environnement’, dans Dictionnaire de la Globalisation, op. cit., avec une importante bibliographie sur chacun des thèmes traités. 124. « Le pétrole est l’ennemi de la liberté » : formule de Thomas FRIEDMAN, Hot, Flat and Crowded, London, Allen Lane, 2008, p. 94-95, apud GIDDENS, The Politics of Climate Change, op. cit., p. 216.

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DROIT ET SOCIÉTÉ, VOL. 55, 2011
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