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RELIRE GIDDENS. ENTRE SOCIOLOGIE ET POLITIQUE

Le Clean Development Mechanism 125 prévu au Protocole de Kyoto, et qui permet aux pays industrialisés d’investir dans des projets de réduction d’émissions de gaz à effet de serre en finançant des projets d’énergie propre dans les États en voie de développement, est déjà, internationalement, un pas en avant. Mais Giddens suggère qu’on établisse aussi vite que possible un corps représentant les plus grands pollueurs, où les pays diraient ce qu’ils proposent pour contribuer à un effort collectif pour contrôler les émissions : cette institution contrôlerait le bien-fondé des propositions et leur mise en œuvre 126. Certes, faudrait-il voir comment établir les modes de scrutin – il pense à une présidence roulante. Mais le programme permettrait, selon lui, un développement à la fois technologique et social, véritable sens d’une convergence économique – un concept, on l’a vu, qui lui est cher. Beaucoup, il est vrai, reconnaît-il, dépend de l’attitude des entreprises et de leur comportement (corporate behaviour), certaines politiques environnementales progressives pouvant engendrer des avantages en termes de concurrence ; ce programme s’étendrait aux États qui, dans la foulée, pourraient aussi mettre en œuvre des politiques environnementales. Giddens parle de ‘politiques sociales pionnières’ en matière de santé, qui insisteraient sur la plus grande vulnérabilité due aux changements climatiques. Il ne faut pas oublier, précise Giddens, qu’il y a là des opportunités de création d’emplois, de libération des femmes, de limitation de la natalité, etc. Bref, les stratégies doivent être multiples, Giddens concluant sur un nécessaire retour au multilatéralisme, au sens de toute forme de coopération dans laquelle les États se trouveraient impliqués 127 ; mais tout accord qui va dans le sens d’une limitation du changement climatique est bon, même s’il est bilatéral, même s’il est l’effet d’une entente entre les ‘grands’. Quant aux travaux de recherche consacrés aux rapports entre relations internationales et changement climatique, il y en a, dit-il, pour l’essentiel, de deux types. D’un côté, ceux qui traitent des mécanismes permettant d’atteindre des ententes internationales sur la manière de contenir les émissions ; et d’un autre, ceux qui sont axés sur les implications du changement climatique sur la géopolitique. Giddens pense qu’il faut réunir ces deux axes pour vraiment pouvoir traiter de la question. En d’autres termes, et comme il le disait ailleurs, il n’est pas d’étude sociale qui puisse faire l’impasse sur le politique, dans la mesure où il n’y a pas de lutte efficace possible en matière de changement climatique hors de cette conjonction. Primat du politique : l’important, selon Giddens, une fois énoncé le rôle majeur des politiques publiques, une fois noté et encouragé le retour de la société civile, la place des ‘Verts’, le rôle des ONG, une fois reconnu le rôle majeur de la société internationale, au niveau tant global que régional (les ententes et blocs économiques, voir politiques, régionaux), c’est de trouver les concepts qui permettront d’analyser comment une politique en matière de changement
125. Cf. supra, note 83 et texte correspondant. 126. GIDDENS, op. cit., p. 221 et s. 127. Giddens cite, à titre d’exemple, la question des forêts, qui pourrait faire l’objet d’accords tant multinationaux que bilatéraux (op. cit., p. 225).

DROIT ET SOCIÉTÉ, VOL. 55, 2011

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