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CONCLUSION

nelle pour assurer aux connaissances une certaine validité 34. Lorsqu’il s’agit de production des savoirs, le principe sous-jacent à la prétention à l’autorité scientifique n’est pas l’accumulation des certitudes, mais le doute méthodique. Ainsi, au plan logique, tout est soumis au doute 35 et à la justification. Céder au doute méthodique n’est pas faire preuve de nihilisme ; on doit justifier les actions avancées, les arguments énoncés ; on doit en présenter les raisons. Au travers de la théorie critique s’élargissent les conditions par lesquelles la vie sociale s’ouvre à la justification discursive 36. La théorie critique doit s’intéresser également à l’ordre institutionnel, car les institutions de la modernité avancée diffèrent de celles qui existaient auparavant. Dans ce cadre d’analyse, cette théorie doit intégrer les changements issus des processus de globalisation et de radicalisation qui caractérisent la phase actuelle de l’histoire contemporaine. Tout au long de ce livre, j’ai pu exposer les débats qui concernent, au plan institutionnel, la théorie critique : ceux, notamment, qui concernent les transformations spatio-temporelles qui sont à la base des mécanismes de ‘désenchâssement’, eux-mêmes incluant les systèmes symboliques et les systèmes abstraits ; ceux, également, concernant la confiance et le risque – nous avons constaté, avec Giddens, que le monde d’aujourd’hui est en quelques sorte apocalyptique, non seulement parce qu’une catastrophe globale peut arriver, mais parce que on est menacé par des risques globaux 37 ; ceux, aussi, traitant de la réflexivité institutionnelle qui définit cette période de réflexivité hautement développée, et qui sous-tend le caractère turbulent des institutions modernes, pouvant ainsi conduire à des résultats imprévus dans la mesure où ce type de réflexivité subordonne les événements à une ‘gouverne rationnelle’ 38 ; ceux, enfin, qui sont liés à l’État et à l’expansion du capitalisme global, à quoi la théorie critique doit ajouter une réflexion sur la surveillance et le contrôle de la violence 39. Enfin, entre théorie et pratique, la théorie critique doit renouer avec l’utopie. Giddens dénonce les thèses qui annoncent la fin de l’utopie, comme celle de Fukuyama, par exemple, qui nous condamnent, selon lui, « à faire de l’ingénierie sociale à petite échelle » 40. Il appelle de ses vœux le réalisme uto34. Cf. Didier CAZAL, « Comparaisons internationales et GRH : intérêt d’une approche en termes de réflexivité », dans Cahiers de la recherche de l’IAE de Lille, n° 12, mai 2000. 35. Cf. « Une théorie critique de la modernité avancée », op. cit., p. 35. 36. Ibid., p. 37. 37. Voir le cas du Japon (2011), qui représente un réel risque global. Le tremblement de terre d’une intensité exceptionnelle, suivi d’un tsunami, a fait de très nombreuses victimes et provoqué un accident nucléaire. « La situation restait critique mercredi matin à la centrale de Fukushima, où les autorités japonaises luttaient pour prévenir une catastrophe nucléaire majeure, un scénario auquel se préparait un grand nombre de pays étrangers. Cinq jours après le plus fort séisme mesuré dans l’histoire du Japon, l’enchaînement alarmant des accidents se poursuivait dans la centrale située au nord-est du pays, à 250 km de Tokyo où la terre a de nouveau fortement tremblé mercredi matin sans déclencher d’alerte au tsunami » (Journal Libération du 18 mars 2011). 38. Ibid., p. 39. 39. Ibid., p. 42. 40. Ibid., p. 46.

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DROIT ET SOCIÉTÉ, VOL. 55, 2011

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